Craignez la Mercedes-AMG GT Black Series et ses 730 ch
La sixième AMG à porter le label Black Series est une vraie pistarde pour la route
Ceci est la nouvelle Mercedes-AMG GT Black Series. Sa vocation est claire : repousser les limites de ce qu’une voiture peut faire tout en portant une plaque d’immatriculation. Par exemple, réglez la lame avant en position basse (Race), et vous n’avez plus le droit de rouler sur la route… On est donc sur le fil du rasoir.
Bref rappel sur le label Black Series, dont cette auto est la sixième itération : « Une Black Series est toujours une biplace, toujours avec un toit en dur, souligne Joerg Letzel, chef de produit chez AMG. La GT R Pro était basée sur la GT R, mais vous aurez remarqué qu’il n’y a pas de ‘R’ dans ‘GT Black Series’. C’est un modèle complètement différent, qui illustre ce qui est possible techniquement. Le paroxysme de la voiture conçue pour la piste, mais qui puisse aussi être conduite sur route ouverte. »
Dans la baie moteur, on trouve le V8 4.0 biturbo AMG à carter sec, plus volcanique que jamais. Il reçoit ici un vilebrequin plat, raffinement typique des V8 italiens portés sur les hauts régimes. Connaissant le tempérament d’une « simple » AMG GT R, le moindre rétrogradage devrait donc donner l’impression que Zeus est en train de fendre le ciel en deux au-dessus de la route. Accessoirement, cela permettra de libérer 730 ch à 6 700 tr/min (la zone rouge reste à 7 000 tr/min) et 800 Nm à 2 000 tr/min. C’est 145 ch et 100 Nm de plus que sur la GT R Pro. Gloups.
Quelques autres chiffres intéressants : 325 km/h en pointe, c’est 7 km/h de plus que la GT R Pro, et ce malgré le banc d’église qu’elle se traîne en guise d’aileron arrière. 0 à 100 km/h en 3,2 s (- 0,4 s), 0 à 200 km/h en moins de 9 s et un chrono sur le Nürburgring… à venir. Tremble, Lamborghini Aventador SVJ.
Mais attendez, l’AMG GT R Pro n’est-elle pas déjà une pistarde hérissée d’ailerons, et tellement affûtée qu’elle a terminé sur le podium en 2019 lors de notre tournoi de la voiture de l’année ? Ce ne serait qu’un remix ? Oui, et non. Elles partagent un même sacerdoce, s’adressent à un public comparable, mais la Black Series est à la R Pro ce que le heavy metal est au prog rock. Une R Pro + 20 %, aussi loin qu’il est possible d’aller légalement.
À cette altitude, les supercars se raréfient. AMG cite comme concurrentes la 911 GT2 RS (de toute évidence sa meilleure ennemie), la McLaren 720S et la Ferrari F8 Tributo. Rien que des voitures à moteur arrière, comme vous l’aurez noté. « Oui, mais la philosophie de Mercedes-AMG repose sur une architecture à moteur central avant, avec une boîte transaxle dans le cas de la GT. Elles ont toutes un moteur central et une boîte à l’arrière, donc ce n’est pas si différent. » Mis à part les hectares de capot percés d’ouïes dans tous les sens qui s’étendent devant le pare-brise, Joerg Letzel n’a pas complètement tort.
À chaque coin, on trouve des combinés filetés avec des amortisseurs pilotés électroniquement (ceux de la GT R Pro s’ajustent à la main). Mais le carrossage du train avant et la barre antiroulis arrière sont réglables manuellement, donc vous pourrez avoir l’air occupé lors de vos sorties circuit.
Visuellement, on s’attendait pour tout dire à des extensions d’ailes monstrueuses (façon Liberty Walk ou SL65 Black Series, au hasard), idéales pour donner à ces Mercedes ultimes leur look de voitures de méchant de cartoon. En y regardant de plus près, la GT Black Series a effectivement les épaules un peu plus larges, mais c’est juste un discret débord sur les arches de roues pour mieux accueillir les larges Pilot Sport Cups 2 RS, et non de grosses ailes en fibre de carbone boulonnées. On se consolera avec le reste du kit carrosserie.
Devant, on trouve une calandre élargie inspirée de la GT3 de course, une lame réglable sur deux positions (Street et Race) et plus de trous que dans la déclaration d’intérêts de Jean-Paul Delevoye. Les ailes sont barrées d’ouïes au-dessus des roues, les bas de caisse débordent loin. Et si vous jetez un œil en dessous, vous pourrez constater que le soubassement est intégralement caréné pour mieux plaquer la voiture au sol. AMG parle de 400 kg d’appui à 250 km/h.
Quelque chose qu’on aurait raté ? Ah oui, un tout petit détail, l’aileron arrière. Il est biplan, et chacune des deux lames peut être réglée individuellement. Beaucoup plus large, celle du dessus est ornée de dérives latérales et d’un flap mobile en son milieu, dont l’inclinaison varie automatiquement sur 20° selon les modes de conduite. Il se déploie au maximum au freinage et en virage, et se rétracte complètement au-delà de 250 km/h pour diminuer la traînée.
AMG est aussi parti à la chasse aux kilos. Le pare-brise et la glace arrière font appel à du verre plus fin, tandis que la coque des baquets, le capot, le toit, le couvercle de malle et les ailerons sont en fibre de carbone. Les disques de frein sont bien sûr en carbone-céramique et un Track package optionnel peut ajouter un arceau en titane, des harnais quatre points et un extincteur. Résultat de ce régime ? 1 540 kg, soit 35 de moins qu’une GT R Pro.
Cette voiture ne fera pas l’objet d’une production limitée, sauf dans le temps. Le prix n’a pas encore été dévoilé mais devrait flirter allègrement avec les 300 000 €.
Certains chercheront la raison d’être de l’AMG GT Black Series. Pour s’amuser sur circuit, rien ne vaut une voiture de course. Pour se faire plaisir sur une petite route, une GTI à un dixième du prix sera plus à son aise. Et s’il s’agit juste d’étaler sa richesse sur la croisette, il y a tout un tas de solutions qui ne brisent pas les vertèbres. Mais on ne peut pas ne pas célébrer une telle auto : une démonstration de force d’AMG, qui a pris une voiture aujourd’hui âgé de six ans et l’a farcie de tout ce qu’il sait faire de mieux pour la transformer en un véritable monstre.
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