Voici l’Hypercar Toyota des 24 Heures du Mans
Héritière d'une TS050 invaincue depuis 2018, la GR010 sera la favorite en juin prochain pour les débuts des nouvelles Hypercars dans la Sarthe
Entre la Yaris WRC, la GR Yaris et ça, Gazoo Racing, le département sportif de Toyota, n’a vraiment pas dû s’ennuyer pendant le confinement. Ça, c’est la GR010, autrement dit le proto qui s’apprête à prendre la suite de la TS050 en Championnat du monde d’endurance, à la faveur du changement de réglementation. Les LMP1 ont vécu, place aux LMH et LMDh.
Comme prévu, la fiche technique de la GR010 ne fait pas rêver face à celle de son ancêtre, aboutissement d’une petite décennie de course à l’armement face à Audi et Porsche. Malgré un nouveau V6 3,5 l biturbo hybride (au lieu de 2,4 l sur la TS050), la GR010 est en effet beaucoup moins puissante : 680 ch cumulés maximum (dont 680 ch pour le V6 et 272 ch pour le moteur électrique, ce dernier entraînant l’essieu avant dans certaines configurations), à comparer aux quelque 1 000 ch de la TS050. Ce n’est pas tout : elle est aussi nettement plus imposante (25 cm plus longue, 10 cm plus large et plus haute) et 162 kg plus lourde (1 040 kg). Résultat, Toyota prévoit des temps au tour 10 s plus lents au Mans, aux alentours de 3 min 30 s.
Pourquoi pas : le but de cette réglementation LMH était justement de simplifier techniquement les voitures pour mettre fin à l’escalade des coûts et attirer de nouveau les constructeurs. Le pari a fini par fonctionner, mais c’est avant tout grâce à l’ouverture d’une autre voie réglementaire, le LMDh. Celle-ci standardise notamment les châssis et les moteurs électriques dans un cadre commun avec le championnat américain IMSA, ce qui permettra aux voitures de courir aussi bien au Mans qu’à Sebring ou Daytona (à la place des actuelles DPi). Si Peugeot a confirmé son engagement en LMH (à l’instar de SCG et ByKolles), Audi et Porsche ont quant à eux été séduits par le LMDh. Les performances seront harmonisées entre les deux catégories par un système de lests et de brides (balance of performance).
Peu importe donc que les voitures soient un peu plus lentes si le spectacle et la concurrence sont au rendez-vous, après trois ans d’hégémonie Toyota en LMP1 sans la moindre écurie d’usine en face. Mais l’idée à l’origine de la réglementation Hypercar, initialement taillée sur mesure pour des… hypercars comme l’Aston Martin Valkyrie (qui s’est débinée depuis), était aussi d’accentuer la filiation avec les voitures de série, à la manière des GT1 des années 90. Et là, on repassera : même si la GR010 ne partage que quelques menus composants avec la TS050, elle ressemble avant tout à un proto pur et dur. On verra si Peugeot parvient à mieux tenir cette promesse cosmétique.
En revanche, contrairement au Lion, Toyota n’a pas mis sous le tapis l’idée de décliner son Hypercar en une version routière, autre lubie de l’ACO aux balbutiements de la nouvelle réglementation : la GR Super Sport, dont un mulet camouflé a fait un tour de parade en marge des 24 Heures du Mans 2020, est « actuellement en développement« , indique Gazoo Racing. Même si le degré de parenté entre les deux autos reste à établir, le projet rappelle les grandes heures des Mercedes CLK-GTR et autres Porsche 911 GT1 Straßenversion, ce qui n’est évidemment pas pour nous déplaire.
La réglementation LMH a aussi contraint Toyota à revenir à un freinage hydraulique conventionnel (non régénératif), et à simplifier l’aérodynamique. La GR010 devra en outre se contenter d’un seul type de carrosserie pour toute la saison, avec un seul élément aérodynamique réglable, en l’occurrence l’aileron arrière. Si vous mettez tous vos œufs dans le même panier pour avoir une voiture rapide dans les longues lignes droite de la Sarthe, vous risquez ainsi de vous retrouver bien dépourvu quand les courbes serrées de Fuji et Bahreïn seront venues.
On oublie quelque chose, non ? Ah oui, la partie en chair et en os au milieu, celle qui tourne le volant et se plaint à la radio. On retrouvera les équipages de la TS050 à l’identique : les champions du monde en titre Mike Conway, Kamui Kobayashi et José Maria López sur la numéro 7, Sébastien Buemi, Brendon Hartley et Kazuki Nakajima sur la numéro 8, avec le champion F2 2019 Nick De Vries comme pilote de réserve.
La GR010 affrontera en juin (si tout se passe bien…) les Hypercars SCG et ByKolles dans la Sarthe, ainsi qu’une Alpine LMP1 en cette année de transition. Peugeot, Porsche et Audi prendront des notes en bord de piste avant leur arrivée en 2023 (voire 2022 pour le français). Et d’autres constructeurs entreront certainement dans la danse d’ici-là. Pour un nouvel âge d’or des 24 Heures ? On croise les doigts.
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