Mardi 5 avril, le concept Mercedes Vision EQXX a posé les roues sur route ouverte pour la première fois, quittant son box de Sindelfingen, près de Stuttgart. Il a ensuite traversé les Alpes suisses puis l’Italie du nord sans recharger une seule fois sa batterie en route, avant d’arriver à Cassis, sur la Côte d’Azur, moins de douze heures plus tard. Pour ceux qui n’auraient pas Google Maps sous la main, ça fait très précisément 1 008 km sur une seule charge.
Et ce n’est pas tout : la jauge de l’EQXX indiquait encore 140 km d’autonomie, ce qui lui aurait permis de pousser jusqu’en Arles. Impressionnant.
Avec cette voiture, Mercedes voulait montrer qu’il était capable de concevoir une électrique à très haute autonomie, Pour cela, la marque a réduit autant que possible la masse (1 755 kg malgré une batterie de 100 kWh) et la traînée (Cx de 0,17). Admirez la silhouette en goutte d’eau et sa poupe tronquée façon Kamm tail. Notez aussi le le double diffuseur arrière qui se déploie automatiquement à 60 km/h.
Pour un concept aussi aérodynamique, le style n’apparaît pas si radical. Les roues ne sont pas carénées (même si les jantes sont pleines), les rétroviseurs sont de bons vieux miroirs et pas des caméras, la voie arrière n’est que 5 cm plus étroite que l’avant, et il y a 4 portes et 4 places. On dirait presque une voiture normale. Presque.
La batterie, développée avec l’aide des ingénieurs F1 maison, offre une capacité utile comparable à celle d’une EQS de série, mais en deux fois plus compact, et 30 % plus léger (soit 495 kg). Et comme elle n’a pas besoin de charges ultrarapides, il a aussi été possible de gagner en poids et en consommation grâce à un refroidissement par air, plutôt que par eau comme sur l’immense majorité des voitures électriques du marché de nos jours.
D’ailleurs, en 1 000 km, Mercedes dit n’avoir jamais eu besoin d’ouvrir les entrées d’air à géométrie variable à la proue. Sans doute parce que le moteur électrique (arrière) de 245 ch, lui aussi élaboré avec l’écurie de F1, promet une efficience de 95 % qui évite de générer la moindre chaleur superflue. Résultat, les volets ont pu rester clos, et la traînée être maintenue au minimum.
Et le trajet n’avait vraiment d’une expérience en laboratoire entièrement sous contrôle. Il y avait bien un commando d’ingénieurs en train de scruter en direct depuis le QG de Sindelfingen les signes vitaux de l’EQXX pendant tout le voyage, mais les trois pilotes qui ont pris successivement le volant ont eu à composer avec de la neige et des températures hivernales en Allemagne, le trafic et les travaux de la vraie vie, et ils ont même dû franchir un col, le tout entre deux EQS en guise d’escorte. La voiture a aussi poussé une pointe à 140 km/h sur un tronçon d’Autobahn illimité.
Une fois arrivée en Italie, l’EQXX a pu compter sur les 117 cellules solaires qui recouvrent son toit pour gaver directement la batterie 12 volts (celle qui alimente tous les systèmes de la voiture, par opposition à la batterie « réservoir »). Mercedes estime que cette source d’énergie permet à l’auto de gagner encore 2 % d’autonomie, soit 25 km toujours bons à prendre sur un trajet de 1 000 km.
Le TÜV, organisme de certfication allemand, était du voyage pour homologuer ce record de 1 008 km, qui se traduit par une consommation tout aussi spectaculaire de 8,7 kWh/100 km.
Bien sûr, l’EQXX n’est qu’un concept car, un démonstrateur technologique, mais les modèles de série mettront très vite à profit ses enseignements. Markus Schäfer, membre du conseil d’administration et directeur de la technologie chez Mercedes, a ainsi déclaré que la prochaine plate-forme électrique compacte MMA utiliserait une chimie de batterie similaire à celle de l’EQXX dès 2024. « Dans un futur proche, vous verrez aussi quelque chose de très, très proche – d’un point de vue stylistique – de ce véhicule », a-t-il promis. Ne vous éloignez pas trop, donc.