Difficile de faire plus pragmatique qu’une marque comme Dacia. Et plus pratique aussi. Surtout lorsque le roumain s’attaque au segment des véhicules familiaux. Après une Logan break très habitable, et un Lodgy encore plus grand (mais dérivé de l’utilitaire Dokker), Dacia propose cet inédit Jogger, au style plus heureux. Bon, on ne va pas non plus se relever la nuit pour l’admirer dans son garage, mais la ligne n’a plus rien d’ingrate, même si le profil reste curieux avec ces montants arrondis, ne présentant aucune rupture franche entre le toit et la salle des machines. Et ce Jogger se prend même pour un ancien break Volvo V70 avec ses gros feux verticaux !

Il en a presque la stature, car ce Jogger n’a rien d’une demi-portion en s’étirant sur 4m55 de longueur. Et il sait recevoir, son empattement géant de 2m90 étant un atout majeur. Un physique de déménageur qui a nécessité la pose de longues portières, ce qui peut être un handicap dans les parkings étroits pour sortir. En dehors de cette configuration urbaine, le Jogger se montre pratique à l’usage, en proposant, en option, jusqu’à 7 places, le coffre ayant tout d’une soute d’avion-cargo en offrant 708 litres sous la tablette en 5 places, et même jusqu’à 1819 litres en configuration « break ». Un vrai déménageur ce Jogger !

En revanche, côté moteur, le « déménagement » sera plus paisible, du moins avec cette singulière version Eco-G carburant à l’essence ou au GPL. Avec un modeste 3 cylindres 999 cm3 développant seulement 100 ch, il ne peut en être autrement. A ce sujet, on a sans doute atteint ici le maximum de ce qu’il était possible de faire en matière de down-sizing, une démarche initiée pour d’abord satisfaire une fiscalité automobile française devenue folle, obsédée par les seuls rejets de CO2 ! Il serait souhaitable que l’Etat desserre un peu l’étau, pour revenir à des moteurs de cylindrée un peu plus généreuse, pour gagner en souplesse et en puissance, des critères liés à la sécurité active, notamment sur un véhicule familial qui a vocation à rouler souvent chargé. Au moins, l’intégration du système bicarburation faite à l’usine est irréprochable, avec l’adoption de 2 réservoirs, un de 40 litres pour le GPL, et un autre de 50 litres pour l’essence, un commutateur avec témoin lumineux permettant de basculer en un clin d’œil d’un réservoir à autre, tout en roulant.

Et si la consommation en GPL est supérieure d’environ 30% par rapport à l’essence, l’affaire reste rentable grâce à un litre affiché encore à un prix attractif (0,90 €/litres), et une carte grise souvent gratuite dans de nombreuses régions. Un atout prix très concurrentiel, fidèle à la philosophie Dacia. Et en partant avec tous les pleins faits, notre frugal Jogger peut parcourir plus de 1000 km. Enfin, le terme « frugal » est ici un peu excessif, le Jogger sirotant sans forcer ses 10 l/100 km en conduite apaisée sur autoroute et mode GPL, une consommation importante qui devient plus raisonnable en essence, en chutant à 7,2 l/100 km en moyenne. Des valeurs qui peuvent vite grimper sur un parcours plus difficile, ce moteur étant assez creux (170 Nm à 2100 tr/mn), obligeant à jouer souvent de la boîte manuelle à 6 rapports, heureusement fort bien guidée et étagée. On en use et abuse, le poids théorique de 1262 kg à vide grimpant en flèche lorsque l’on roule en pleine charge.

Mais sans être un foudre de guerre, le modeste 0,9 TCe faisant ce qu’il peut (0 à 100 km/h en 13,2 secondes), conduire ce Jogger n’a toutefois rien d’une punition. Déjà, Dacia a fait un effort notable sur la présentation intérieure, en « cachant la misère » avec des bandes de tissu sur la planche de bord. On est encore loin du feutré d’une Skoda, mais les prix n’ont rien de comparables. Et puis il y a le confort offert par l’amortissement, parfaitement calibré pour rouler en douceur sur une départementale au revêtement hasardeux. Il est vrai que le Jogger a presque des airs de SUV, en étant seulement 2 cm moins haut que le Duster. Et il navigue à des altitudes tarifaires tout aussi raisonnables, puisqu’il s’affiche dès 16 700 € en version d’attaque 5 places, soit le prix d’une… Clio de base ! A ce tarif canon, difficile de faire la fine bouche…