La Porsche Vision 357 est un hommage de 500 ch à la 356 originelle

Quand Porsche revisite la 356 sur une base de Cayman GT4 RS, ça donne ce concept aux "proportions très proches de la réalité". Où est-ce qu'on signe ?

Jason Barlow
Publié le : 27 janvier 2023

Porsche avait peut-être déposé le matricule 357 sans l’utiliser. Jusqu’à maintenant. Ceci est la Vision 357, le dernier d’une longue lignée de concepts Porsche. Il invoque la mémoire de la 356/1, la première Porsche de série qui lança l’aventure le 8 juin 1948, il y a bientôt 75 ans.

C’est donc le cadeau d’anniversaire de Porsche à Porsche à l’aube d’une année symbolique. La 357 est un joli petit coupé délicieusement trapu, rétro mais pas trop. Dans le livre Porsche Unseen, on peut voir que les designers de la marque sont aussi des historiens de l’automobile. « Serait-il plus souhaitable de partir d’une feuille blanche et de n’avoir aucune contrainte ? Non », estime Michael Mauer, patron du design Porsche et, depuis peu, du design de tout le groupe Volkswagen. « L’histoire nous donne un cap… Je la comparerais à une boussole. Elle vous donne aussi une marque qui porte certaines valeurs. Ce serait stupide de ne pas capitaliser là-dessus, mais il faut trouver le juste milieu entre tradition et innovation, sans quoi la réussite ne sera pas au rendez-vous. »

Sous cette carrosserie minimaliste, on trouve le châssis et le groupe motopropulseur d’un 718 Cayman GT4 RS, donc son fabuleux flat 6 4.0 atmosphérique de 500 ch. Etant donné que Porsche a produit 77 exemplaires de sa 935 qui appliquait exactement la même recette néo-rétro en partant d’une 911 GT2 RS, il ne nous paraît pas du tout délirant d’imaginer cette voiture prendre le même chemin. Pour les photos, la marque a ressorti son génial concept Renndienst, un monospace sportif avec le volant au milieu façon McLaren F1, ici en train de remorquer la Vision 357. Arrêtez de remuer le couteau dans la plaie et faites-les, s’il vous plaît.

« Ce n’est même pas vraiment un concept, poursuit Michael Mauer. Nous pensions aux 75 ans, à ce qu’était la première voiture, et nous nous sommes dit que nous allions faire quelque chose dont on verrait la filiation avec la 356 sans que ce soit trop rétro. Nous avons décidé de partir de la plate-forme thermique. Nous avions beaucoup de liberté mais les proportions sont très proches de la réalité. Quand nous faisons des concepts, ils ont une base assez réaliste, nous ne les faisons pas pour le seul plaisir de dessiner quelque chose. Donc oui, ce serait possible. »

L’idée, selon Mauer, était aussi d’imaginer une voiture qui aurait fait plaisir à feu Ferry Porsche. Comme quand Ulrich Bez et Harm Lagaay lui avaient concocté la Panamericana, une sorte de 911 Dakar avant l’heure basée sur la 964, pour ses 80 ans en 1989.

La 356 est en tout cas magnifiquement réimaginée. Les designers n’ont pas été jusqu’à reprendre le pare-brise en deux parties de l’original. Ils ont préféré l’aligner avec les vitres latérales et des montants noirs pour un effet visière de casque. Les épaules sont discrètement saillantes, les poignées de porte dissimulées dans les montants pour ne pas gâcher la ligne. Un ensemble de stries relie le feu stop au diffuseur pour évoquer la grille de radiateur de la 356. Les optiques sont quasi invisibles si elles ne sont pas allumées.

Les jantes 20 pouces à moyeu central sont en magnésium, habillées d’un cache aérodynamique en carbone. Des caméras ont remplacé les rétroviseurs. Les bas de caisse sont en plastique renforcée de fibre naturelle (NFRP), donc partiellement en lin, comme sur la Mission R. La ligne d’échappement est en céramique. On retrouve les prises d’air du Cayman GT4 RS à la place des vitres de custode, et des stickers un peu partout comme Porsche les aime. Vous aurez noté les « 75 », le « e-fuel » sur le bouchon de réservoir, le petit nuage avec une flèche sur la custode pour indiquer à l’air la direction de l’admission (on ne sait jamais), ou le tyrannosaure qui court devant la prise d’air du bas de caisse. Comme nous, les designers Porsche sont de grands enfants.

« Faire une voiture électrique faisait partie des options mais nous avons pensé qu’une thermique serait plus cool, explique Mauer. Et comme ce sera peut-être notre dernier moteur thermique, un des designers a croqué un dinosaure dont nous avons fait un sticker. »

Mauer admet que la Vision 357 est arrivée très vite : moins d’un an entre les premiers coups de crayon et la voiture finale. En retournant à la source plutôt qu’en s’inspirant d’une des innombrables ancêtres d’une autre célèbre Porsche encore en production, la marque s’évite aussi les spéculations sur l’avenir de la 911. Sachant que pour cette dernière, 2023 devrait réserver son lot d’annonces décisives.

« Par rapport à d’autres entreprises, nous avons un esprit ouvert et un PDG qui nous confie un budget sans savoir ce qu’il va obtenir à la fin de l’année, explique Mauer. On nous donne la liberté de réfléchir à de nouveaux concepts, d’explorer de nouveaux développements de notre langage visuel. Sur cette voiture, je citerais notamment les optiques, avant et arrière. Nous voulons toujours mieux intégrer les différents éléments, et les nouvelles technologies permettront peut-être d’arriver à quelque chose comme ça. »

On se répète mais : faites-la.

En attendant, la Vision 357 est visible au Drive Forum de Berlin dans le cadre d’une exposition « 75 ans de voitures de sport Porsche ».

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