Ceci, Mesdames et Messieurs, est la voiture de route la plus puissante jamais produite en Italie. Ce qui n’est pas rien au pays de Ferrari, Lamborghini et Pagani. Grâce à une batterie lithium-ion de 120 kWh, la Pininfarina Battista développe environ 1 900 ch et 2 300 Nm. Des chiffres qui dépassent l’entendement, et qui confèrent à cette merveille roulante des accélérations de Formule 1. 0 à 100 km/h en 1,9 s (on a mal pour le tarmac), 0 à 300 km/h en moins de 12 s, tout ça sans recracher la moindre particule ou le moindre gramme de CO2 (quand elle roule, mais c’est un autre débat…).
Tout le monde connaît Pininfarina, le bureau de design le plus célèbre d’Italie et du monde. Fondée en 1928, à l’origine de dizaines de dessins mythiques chez Ferrari, Alfa Romeo, Fiat ou Lancia – et moins mythiques sur la Hyundai Matrix ou la Ford Focus CC, mais il faut bien manger –, la société se lance cette fois dans la production de sa propre voiture.
Née après le rachat en 2015 de Pininfarina par le géant indien Mahindra, la nouvelle entité Automobili Pininfarina est basée à Munich. Elle prévoit de construire 150 Battista à un tarif qui devrait dépasser les 2 millions d’euros, pour s’imposer comme « un pionnier du véhicule électrique de luxe ».
La voiture elle-même est bâtie sur une monocoque en fibre de carbone, où le pack de batteries en forme T se loge entre les occupants et derrière eux. L’architecture électrique a été développée par le croate Rimac, lui-même spécialiste des hypercars électriques. Elle pèse son poids, bien sûr (même si on ne sait pas encore lequel), mais Pininfarina souligne la parfaite répartition des masses. L’autonomie est annoncée à environ 500 km, dont on pourra recouvrer 80 % en 40 minutes sur un chargeur rapide.
Les quatre moteurs, un pour chaque roue, permettent aussi une vectorisation de couple aux petits oignons. Pour apprendre à la Battista à canaliser ses 2 300 Nm, Pininfarina s’est attaché les services de l’ancien pilote de F1 Nick Heidfeld et de l’ingénieur châssis Peter Tutzer, ex-Porsche, Pagani et Bugatti.
Le cockpit se veut aussi futuriste que raffiné, et sera bien évidemment personnalisable à la demande. C’est là qu’on fait de la marge, de nos jours.
Vous auriez préféré que votre hypercar électrique ressemble à un vaisseau spatial de Blade Runner ? Pininfarina ne partage pas ce point de vue. « Nous voulions rester fidèles aux formes et aux proportions d’une supercar traditionnelle », explique le designer en chef Luca Borgogno. « Nous avons fait beaucoup de recherches, étudié la possibilité d’un dessin plus spectaculaire, mais avons choisi de créer quelque chose qui respecte notre histoire, qui soit fidèle aux valeurs de Pininfarina. L’habitacle projeté vers l’avant, la poupe élancée qui vient équilibrer la silhouette… on n’a toujours pas fait mieux. Pour nous, c’était clairement le chemin à suivre. »
« Cette voiture évoque l’harmonie et la sensualité que l’on pouvait trouver dans les années 60. Faites un tour parmi les voitures de notre musée : ce qui frappe, c’est leur pureté et leur beauté. »
Automobili Pininfarina a annoncé son intention de développer l’auto avec des partenaires triés sur le volet plutôt que d’investir une fortune en R&D interne. Une démarche et une organisation allégée qui font plus penser à Apple qu’à des constructeurs conventionnels comme Bugatti ou Porsche, qui profitent tous deux des synergies au sein du groupe Volkswagen.
« J’adore Bugatti, se justifie Anand Mahindra, PDG de Mahindra, et ils ont magnifiquement ressuscité la marque, je vous l’accorde. Mais les sommes qu’il faudrait investir pour espérer s’attaquer à la Chiron… Alors qu’en optant pour une voiture électrique et en choisissant ses partenaires parmi les meilleurs spécialistes mondiaux, on peut le faire à moindres coûts. C’est ambitieux, mais ce n’est pas impossible. Le luxe, c’est la rencontre de l’héritage et du savoir-faire. Pininfarina possède les deux. Ca ne se crée pas en un claquement de doigt. » Qu’en pensent la Tesla Roadster et l’Aspark Owl ?