Ah, la place de l’Etoile… Ses taxis au klaxon fleuri, ses livreurs Uber Eats kamikazes, ses tueurs à gages qui driftent en Plymouth Barracuda 1971 à contre-sens… Vous avez peut-être pu voir cette dernière scène dans John Wick : Chapter 4, où Keanu Reeves est de retour en quête de vengeance. C’est le point d’orgue du film, une séquence de cascades particulièrement spectaculaire.
Tanner Foust, pilote de course et cascadeur pour certains des plus gros blockbusters de la décennie (Le Mans 66, The Bourne Legacy, Iron Man 2, Fast & Furious et on oubliera poliment de citer Need for Speed) a été appelé à la rescousse sur le tournage de John Wick 4. Mais sa mission n’a pas été tout à fait celle à laquelle il s’attendait.
« Le principal objectif de mon job était, pour l’essentiel, de ne pas conduire, a-t-il expliqué à TopGear.com. J’ai dû faire les cascades au moins une fois pour que ce soit dans la boîte. Mais j’ai passé quatre mois à Berlin à entraîner Keanu pendant ses jours sans combats. Et il avait déjà appris beaucoup sur la conduite lors des films précédents. »
« En plus, il est motard, et je trouve que les motards apprennent en général plus rapidement les techniques de pilotage. »
Tanner et l’équipe des cascades ont conçu six manœuvres distinctes destinées à être apprises et reproduites par Keanu devant la caméra. C’est autour de ces cascades que les scénaristes ont ensuite écrit la scène.
« Et il a été génial, souligne Tanner. Il a dû tout faire à une main tout en tenant un flingue avec l’autre, qu’il rechargeait parfois en plein drift. C’est ce qui a donné l’occasion aux gars de la prod de faire sauter les portes et le pare-brise pour qu’on voie mieux que c’était bien lui qui faisait tout ça. »
Et que pense Tanner — double champion des Etats-Unis de Formula Drift – des compétences de Keanu en glisse ? « Je lui mettrais un bon 8/10. Je suis très pointilleux, mais c’est assurément l’un des meilleurs acteurs avec qui j’aie travaillé. Comme je l’ai dit, ça aide vraiment qu’il vienne de la moto, où l’on apprend à ne pas glisser du pneu avant. Avec une voiture, si vous savez déjà ça, le plus dur est fait ».
Il souligne aussi combien l’expérience de Keanu à moto, notamment le fait de sentir la limite et de ne pas la dépasser, a permis à l’équipe des cascades de se sentir en sécurité. « On pouvait lui faire confiance pour ça, et c’est ce qui en fait un bon pilote, qui a pu se charger de toute la conduite dans le film. »
Elaborer ces différentes cascades pour ensuite voir « toute cette armée » les chorégraphier, et Keanu les réaliser lui-même, a été une expérience « aussi badass que possible », se rappelle Tanner. « C’était quelque chose d’étrangement gratifiant, que je ne pensais pas autant apprécier. »
Peut-être pas aussi gratifiant qu’arriver à sortir intact et à la bonne sortie du rond-point de l’Etoile, certes.