Aaah, mes yeux, mes YEUUUXXX !!!

Oups, pardon ! J’ai oublié qu’il faudrait mettre un avertissement avant de montrer les images de cette BMW i7. Mais à vrai dire… après avoir passé pas mal de temps avec elle, j’avoue que je m’y suis fait. Ce gris un peu champagne est suffisamment neutre – tout en restant statutaire – pour adoucir l’effet visuel de l’ensemble. Forcément, si quelqu’un avait l’idée de la déguiser en « sous-Rolls-Royce » avec une peinture bi-ton, il mériterait un châtiment corporel exemplaire. Mais personne n’oserait faire ça… hein ? HEIN …?!?

Bref, quoi qu’il en soit, le but de cette i7 est de vous offrir une expérience de conduite, voire de voyage si on élargi au reste des occupants, de tout premier ordre. Et dans cette optique, l’avantage pour ceux qui ne supportent pas son physique c’est que… de l’intérieur vous ne la verrez plus. CQFD.

Et aussi incroyable que puisse paraître, malgré sa ressemblance troublante avec un parpaing, elle s’offre le même Cx qu’une BMW i4 ou une Tesla Model S, à savoir 0,24.

Vous avez testé quelle version ?

On nous a confié les clefs d’une i7 xDrive60 de 544 ch posée sur des jantes de 21” et agrémentée de quelques options dont des « projecteurs cristal BMW Iconic Glow », des sièges mutlifonctions chauffants et ventilés à l’avant, un toit vitré panoramique Skylounge et, bien sûr l’écran géant à l’arrière mais nous y reviendrons plus tard. En France la i7 xDrive60 attaque à quelque 151 800 €, notre modèle d’essai dépassait les 183 000 €.

Pour rappel, l’i7 n’est que l’introduction de la nouvelle Série 7 qui ne sera plus disponible qu’en empattement long. D’autres motorisations sont déjà proposées, deux hybrides rechargeables avec un V6 essence, 750e xDrive 490 ch et M760e xDrive 571 ch, et un diesel 740d xDrive 299 ch. Un hybride rechargeable avec V8 essence existe aussi mais pas disponible en France. Et arrêtez de chouiner, il n’y aura pas de V12.

C’est comment à conduire ?

Avec les 544 ch généreusement fournis par ses deux moteurs électriques et intelligemment distribués aux quatre roues par sa transmission intégrale, la i7 xDrive60 est avant tout rassurante. Et s’il est impossible d’oublier les 2,7 tonnes de l’ensemble, chaque accélération « pied dedans » après une barrière de péage ou pour un dépassement vous rappellera la puissance et l’instantanéité du couple de l’électrique… et le confort exceptionnel des sièges.

Puis, une fois calée sur sa vitesse de croisière sur autoroute, l’i7 vous offre une croisière dans le silence et le confort ouaté d’une limousine. Même sans le système anti-roulis actif 48V en option, l’i7 vire à plat. Ne vous attendez pas aux sensations que peut offrir une berline BMW, la direction est d’ailleurs assez avare en informations, mais la tenue de route est impeccable et elle ne s’affaisse pas comme on pourrait s’y attendre au vu du confort, même sur les routes de montagne. Tout ça est en grande partie dû à l’impressionnante suspension pneumatique de série et aux amortisseurs adaptatifs. Et si vous vous aventurez en ville, les manœuvres sont grandement facilitées par les quatre roues directrices.

Un engin pareil doit être ce qui se fait de mieux en confort, non ?

Exact, et c’est là que la fée électricité fait des merveilles. Aucun bruit, aucun à-coup, aucune vibration. C’est absolument parfait pour ce genre de voiture. Si le luxe est synonyme de détente et de raffinement, alors l’i7 est de toute évidence LE choix indiscutable dans la gamme de la nouvelle Série 7. Et cette onctuosité de l’électrique vient renforcer les efforts de BMW qui s’est surpassé à l’intérieur pour tenter de faire de l’i7 la meilleure limousine possible pour ses occupants…

Ok, alors c’est comment à l’intérieur ?

Une fois n’est pas coutume, commençons par l’arrière. Car contrairement aux BMW d’autrefois, ou à Mercedes avec son EQS, l’i7 se concentre sur les passagers arrière. L’espace y est gigantesque, la banquette immense et ultra-confortable et elle peut, en option, être chauffée, ventilée et massante, le tout contrôlé par de petits écrans tactiles intégrés dans chaque porte. Mais le clou du spectacle c’est bien sûr cet écran cinéma 8K de 31,3 pouces. Collé au toit vitré en position fermée, il présente l’inconvénient de totalement bloquer la rétrovision intérieure du conducteur quand il est déployé mais… je vous assure que quand on est à l’arrière, on s’en fout ! Et on rappellera à ceux qui crieraient au scandale pour la sécurité que la majorité des camions et des fourgons de livraisons n’ont pas de rétrovision intérieure non plus. Mais vu le prix et la débauche de technologie, BMW aurait certainement pu faire l’effort d’offrir à son vaisseau amiral un rétroviseur avec écran comme chez Land Rover. Perso je n’aime pas ça mais entre ça et rien…

Question sécurité, ils ont tout de même pensé à coupler le rideau de la lunette arrière à l’écran. En clair, l’écran ne peut être utilisé que si le rideau en question, totalement opaque, est en place. Ceci pour éviter que la voiture derrière vous ne se concentre plus sur le dernier Mission Impossible que sur la route.

Et alors, il donne quoi cet écran ?

Franchement, quand ça fonctionne, c’est impressionnant ! Vous pouvez avoir vos services de streaming comme Amazon Prime, Netflix ou Disney Plus, il y a aussi une entrée HDMI et, histoire d’être complet, un système de son surround Bowers & Wilkins à 36 haut-parleurs qui vous met une claque. C’est la première fois que mes gosses râlent quand on leur demande de sortir de la voiture après 8 heures de route.

Pardon, j’ai cru lire « quand ça fonctionne »… ?

Oui, quand je l’ai testée il y avait une histoire de problème de compatibilité avec la 5G. Du coup, la voiture ne pouvant pas se servir de sa propre connexion 5G pour accéder au réseau, BMW nous a fourni une clef 5G format porte-clef. Il fallait connecter la clef 5G à la voiture à chaque démarrage mais la connexion n’était pas très stable et, par souci de sécurité, la procédure de reconnexion ne peut être faite qu’à l’arrêt. Donc à chaque déconnexion, il fallait attendre l’air d’autoroute suivante et s’y arrêter. Une plaie ! Mais espérons que la voiture puisse désormais se connecter directement au réseau car QUAND ÇA FONCTIONNE… c’est absolument génial !

Pour le moment, BMW est le seul à proposer un tel dispositif. D’autres suivront-ils avec leur propre car cinema à l’arrière ? Ils n’auront peut-être pas le choix, avec ça BMW a peut-être posé une nouvelle norme pour les propriétaires de berlines avec chauffeur.

Et comment c’est à l’avant ?

On a trouvé les sièges avant légèrement moins confortables qu’à l’arrière. On reste excessivement bien accueilli mais ça manque peut-être un peu de maintien. Pour ma part, je ne suis pas non plus convaincu par l’écran incurvé de dernière génération de BMW, qui associe un cadran de 12,3 pouces à un écran d’infodivertissement de 14,9 pouces. En fait, ceux qui nous suivent le savent, j’ai une incompatibilité notoire avec le système BMW depuis… toujours. Quant au sélecteur de vitesse, à la molette iDrive et aux commandes de réglage des sièges en cristal, j’y suis simplement allergique. Je trouve ça à la fois kitch et presque vulgaire. Et (enfin) j’ai aussi du mal avec l’habillage plastique en relief de la bande lumineuse qui court d’une porte avant à l’autre en passant par la console. Pourtant l’écran coloré derrière – déconnectable, rassurez-vous – est une excellente idée, ça donne une véritable ambiance et, contrairement à ce qu’on pourrait penser sur les photos, ça n’est pas gênant de nuit. Globalement, le confort est impressionnant et la qualité des assemblages et des matériaux – ces éléments en bois clair… – est irréprochable. Une vraie limousine.

Vraie limousine, ok. Mais est-ce une bonne voiture électrique ?

Ah oui, il faut parler autonomie. L’i7 emporte une énorme batterie de 101,7 kWh placée sous le plancher. Si vous trouvez un chargeur rapide, elle affirme qu’elle pourra encaisser jusqu’à 195 kW. Perso, j’ai vu un pic à 200 kW, photo à l’appui. En clair, vous devriez pouvoir ajouter 170 km d’autonomie en seulement 10 minutes. Mais ça, c’est la théorie car même si un chargeur atteint le pic, il ne dure généralement que quelques dizaines de secondes avant de décliner plus ou moins lentement. Quoi qu’il en soit, l’autonomie totale annoncée entre 590 et 625 km laisse de quoi voir venir. 

Et l’i7 bénéficie d’un système de régénération adaptative automatique qui utilise la navigation par satellite et le trafic à venir pour évaluer la quantité d’énergie que vous pouvez récupérer chaque fois que vous relâchez l’accélérateur. Apprenez à faire confiance au système, il est d’une efficacité redoutable.

Alors, j’achète ou pas ?

Sincèrement, si vous m’aviez posé la question après mon premier trajet, je vous aurais dit de fuir cette i7. Après y avoir mis le feu. En guise de bizutage, j’ai eu la joie de passer plus d’une heure à la première station Ionity en famille. Heureusement, pas de bébé qui braille à l’arrière, mes enfants ne sont plus en bas-âge. Mais ils sont en âge de me chambrer sur le bonheur de rouler en électrique. Avec leur mère… Trois contre un, j’ai pris cher ! Impossible de lancer la charge malgré un redémarrage à distance des deux bornes successives auxquelles je m’étais branché et l’assistance aussi patiente qu’efficace du service client Ionity. Tout ça pour m’apercevoir que le problème venait de ma carte de recharge, inactive. Heureusement, les réseaux se sont améliorés et il est désormais possible de charger à peu près partout (sur autoroute) avec une simple CB. Si j’avais eu le même problème de carte il y a cinq ans, c’était retour à la maison sur un plateau.

J’ai aussi eu une autre borne qui a refusé de me laisser terminer la charge avant qu’elle ne soit complète. Et qui refusait par la même occasion de me laisser débrancher le câble. Encore près d’une heure perdue. J’ai appris par la suite – et par hasard en me baladant dans les menus – qu’il y avait une commande pour débloquer le slot de charge depuis la voiture. Logique, en cas d’urgence ! Encore faut-il savoir que ça existe et… où la trouver. Ajoutez à ça quelques arrêts pour reconnecter la clef 5G et il m’a fallu près de 10 heures pour un trajet Région Parisienne – Alpes qui demande généralement 6h30. Mais avec l’expérience et… l’Univers qui estimait probablement que nous avions assez souffert à l’aller, le retour s’est fait en 7 heures sans aucun souci.

Et une fois les plâtres essuyés, en tant que limousine de luxe, la i7 est un tour de force impressionnant. Elle est ultra-confortable, rapide, raffiné et bardée de technologies qui transfigurent le voyage. Perso, je suis plutôt du genre à chronométrer les « arrêts pipi » pour limiter au max le temps de trajet. Je n’ai jamais compris les aficionados du mantra « la route fait partie des vacances donc on prend notre temps ». Cette i7 pourrait me faire changer d’avis. À condition d’éliminer tous les « petits tracas » liés à l’écran et à la charge. Ces problèmes sont ceux des voitures électriques, certes, mais les clients BMW qui lâchent plus de 180 000 € dans une limousine sont-ils prêts à les accepter ? Il y a 10 ans, les premiers propriétaires de Tesla Model S savaient qu’ils jouaient à la roulette non pas avec la technologie mais avec la qualité de fabrication. Mais c’était un choix assumé et ils avaient cette image de précurseurs. On ne peut pas dire qu’une i7 vous offre une image d’avant-gardiste et, de toute façon, la clientèle n’est pas la même…

Pourtant, malgré ce qu’elle m’a fait endurer, cette i7 est peut-être pour moi la meilleure voiture électrique qui soit. La motorisation électrique est FAITE pour ce genre de voiture, une limousine sans bruit et sans vibrations, une véritable invitation au voyage. Avec un peu plus d’arrêts et pourtant beaucoup moins de stress.