Mercedes SL : toutes les générations
De la 300 SL au nouveau SL 63 E Performance en passant par le SL 65 Black Series, revivez toute la saga de l'iconique roadster à l'Etoile (inclut potentiellement la plus belle Mercedes de l'histoire).
« Il y a 900 millions de voitures dans le monde, et des milliers de modèles », avait fait remarquer un jour le Dr Zetsche, ancien patron de Mercedes-Benz. « Mais seulement une poignée d’icônes. Notre SL en fait partie. »
On peut difficilement contredire le bon docteur : la place du SL est au panthéon des GT. Né, comme beaucoup des meilleures voitures de sport, dans le creuset de la compétition au début des années 1950, il s’inscrit depuis en toile de fond de l’histoire de la marque. Et malgré les ramifications croissantes de la nomenclature Mercedes, il est même parvenu à conserver son badge intact.
Voici l’histoire de ce dernier, qui remonte à une petite sportive dont vous avez peut-être entendu parler, une certaine 300 SL…
Tout commence en 1951 quand le patron de Mercedes décide, là, comme ça, que la marque a besoin d’une nouvelle voiture de course. Naît la 300 Sport Leicht (« légère »), rapidement rebaptisée SL.
Et à l’époque, ce n’était pas un abus de langage : son châssis tubulaire en alu et en magnésium pèse à peine 50 kg. À cela s’ajoute un 6 cylindres en ligne emprunté à une grande berline de l’époque, la 300 dite « Adenauer », ancêtre de la Classe S, dont la puissance a été poussée à 170 ch. En 1952, Mercedes aligna la SL en course, et il vit que cela était bon.
Deuxième et quatrième places des Mille Miglia pour ses débuts, triplé au Grand Prix de Berne, doublé aux 24 Heures du Mans, Quadruplé au Nürburgring, doublé à la Carrera Panamericana : la SL s’impose d’emblée comme une référence.
Ce n’est peut-être pas le premier SL de route, mais la 300 est le premier SL tout court. Et avec des lignes et un palmarès pareils, on ne va pas se priver de l’inclure dans la lignée. C’est elle qui engendrera la dynastie par la suite, et elle aussi qui marque le retour en fanfare de Mercedes à la compétition après la Deuxième Guerre mondiale (jusqu’au coup d’arrêt tragique des 24 Heures du Mans 1955).
Max Hoffmann, importateur officiel de Mercedes aux Etats-Unis, suggère alors qu’une version routière de la 300 SL ferait un carton chez lui. Mercedes dit oui et, au salon de New York 1954, le monde découvre les premiers SL routiers : la 300 SL « Gullwing » Coupé, et le roadster 190 SL.
Faut-il encore présenter la 300 SL ? Candidate au titre de première « supercar » de l’histoire – c’était la voiture la plus performante de son temps –, elle reprenait le 6 en ligne 3 l et les iconiques portières en ailes de mouettes (gullwing) de son ancêtre de course, sous des lignes qui en font sans doute encore la plus belle Mercedes de l’histoire.
Présenté en même temps que la 300 SL, le premier SL découvrable cache sous des lignes gracieuses un pedigree beaucoup plus banal. Châssis monocoque emprunté à une berline, 4 cylindres 1,9 l de 105 ch au lieu du 6 cylindres 3 l de 215 ch : le flacon, sans l’ivresse.
Le roadster 300 SL remplace le coupé Gullwing après tout juste trois ans de production, avec de nouvelles optiques verticales et un 6 cylindres un peu plus puissant (225 ch). Le petit 190 SL poursuit sa carrière en parallèle.
Le premier SL dans sa définition moderne, plus bourgeoise que sportive. Et un juste milieu entre les 190 et 300 SL précédentes, avec une base technique issue d’une berline comme la première, pour les économies d’échelle, et de nobles 6 cylindres comme la seconde, allant de 150 ch pour la 230 SL à 170 pour l’ultime 280 SL.
Ses lignes aériennes sont signées Paul Bracq, dont un hard-top minimaliste auquel certains trouvent des airs de temple asiatique. Cette génération de SL restera donc dans l’histoire comme la « Pagode ».
Le SL le plus produit de l’histoire. Une carrière de 18 ans, ça aide… Pas moins de 231 287 exemplaires sont sortis de l’usine entre 1971 et 1989, indique Mercedes avec une précision toute germanique. C’est… beaucoup.
En bonne Mercedes, ce SL innove, notamment en matière de sécurité avec des structures déformables aux extrémités et des montants de pare-brise renforcés. Il troque aussi son 6 en ligne pour un gros V8, qui développera jusqu’à 240 ch pour le 5 l du 500 SL (à une époque où les badges voulaient dire quelque chose).
C’est aussi la seule génération (hors 300 SL s’entend) à avoir été déclinée en carrosserie coupé, le SLC.
Issue de la légendaire Classe E W124, ce SL pose encore de nouveaux jalons technologiques, notamment avec un arceau à déploiement automatique en cas de tonneau et, pour ne pas en arriver là, un amortissement piloté en option.
Mais on se souviendra surtout d’une silhouette signée Bruno Sacco, et de moteurs d’exception, du V6 au V12. Sans oublier son passage pour la première fois entre les mains expertes d’AMG, qui nous donnera des SL 55, 60, et en apothéose un SL 73 AMG fort d’un incroyable V12 7,3 l de 525 ch. Un moteur que l’on retrouvera par la suite sous le capot de la CLK GTR puis de la Pagani Zonda, excusez du peu.
Derrière ses feux en cacahuète, cette génération marque le passage d’une capote conventionnelle en toile à un toit rigide escamotable, dans la foulée du SLK qui se vend comme des petits Brötchen. En 16 s chrono, ce SL peut donc se transformer en coupé ou en roadster.
AMG est toujours en forme, avec un V8 5,5 l compressé de 500 ch sur le SL 55 AMG, voire un monstrueux V12 6 l biturbo de 612 ch sur le SL 65 AMG. Et l’on n’a pas encore tout vu…
Le SL R230 est restylé en 2006, et bien plus profondément en 2008. Il étrenne alors notamment un museau nettement plus agressif, un chauffe-nuque Airscarf et une direction à démultiplication variable.
Il étend aussi sa gamme de motorisations. Vers le bas, avec un retour au V6 en entrée de gramme (un 3 l atmosphérique de 231 ch), et surtout vers le haut, avec un V12 de 670 ch sur le terrifiant SL 65 AMG Black Series, allégé de 250 kg grâce à des pièces en fibre de carbone, sous une carrosserie stéroïdée à bloc. Une voiture qui a redéfini la notion de motricité.
Officiellement la sixième génération de SL, cette voiture a repris la philosophie de sa devancière : des V6 et des V8, et même un V12 pour le SL 65 AMG (630 ch). Arrivée sur le marché avec des lignes un peu épaisses, elle a bien profité de son lifting de 2016 (photo).
Après deux ans d’interruption, le SL a fini par faire son retour, complètement métamorphosé et désormais sous blason 100 % Mercedes-AMG. Style tex-averyesque, intérieur futuriste avec deux places arrière de secours, passage à la transmission intégrale, retour au 4 cylindres en entrée de gamme (un 2 l turbo de 381 ch tout de même)… et arrivée d’un incroyable V8 hybride de 816 ch tout en haut.
Le Sport Leicht n’est peut-être plus très leicht, mais il a encore de belles années devant lui.
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