Voici pourquoi la Ferrari F80 a préféré un V6 à un V12
... et comment elle a failli être monoplace.
« On se rappelle chaque supercar pour une caractéristique particulièrement unique », estime le directeur marketing de Ferrari Enrico Galliera. « La GTO pour le premier turbo, la F40 pour le premier aileron arrière, la F50 pour son architecture de F1, l’Enzo pour les portes papillon, la LaFerrari pour notre premier système hybride. »
Et la nouvelle Ferrari F80 alors, qu’est-ce qui la définit ? « Difficile d’identifier un seul élément, parce que cette plate-forme complètement nouvelle et spécifique est un concentré d’innovations. » Habile.
Et parmi ces innovations, le choix du moteur, c’est-à-dire l’âme de la voiture chez Ferrari plus encore qu’ailleurs, n’a paradoxalement été tranché qu’à la fin. Peu importe tant qu’il s’agit d’un bon gros V12 qui fait dresser les poils, vous disiez-vous sans doute à l’époque. Sauf que contrairement à ses ancêtres les LaFerrari, Enzo, et F50, contrairement à la nouvelle 12Cilindri ou même à l’iconoclaste Purosangue, la F80 fait appel à un petit V6 3 l biturbo hybridé. Seulement six cylindres dans une hypercar Ferrari ? Mais comment en est-on arrivé là ?
Selon Ferrari, ce n’est pas la bonne question. La problématique à laquelle ce V6 répond, c’est celle de la performance, point barre. « Vaut-il mieux opter pour le moteur Ferrari le plus iconique historiquement, le V12, ou pour la meilleure architecture utilisée actuellement dans les disciplines reines de la course automobile ? », résume Galliera. En d’autres termes, le V6 turbo qui a remporté les deux dernières éditions des 24 Heures du Mans sur la glorieuse 499P. Le V6 de la F80 reprend la même architecture à 120°, mais il est complètement revu pour développer 300 ch/l (si possible pendant plus de 24 heures de roulage, tant qu’à faire).
Ferrari est bien conscient qu’un pedigree ne fait pas tout. « J’arrive à un aspect que je sais primordial pour chaque Ferrari, et encore plus pour une supercar : le son du moteur », explique Gianmaria Fulgenzi, responsable du développement produit. « Vous en doutez peut-être puisque nous avons annoncé un V6, pas un V12. Mais faites-moi confiance, la légendaire bande-son Ferrari reste unique sur cette nouvelle proposition. » On demande à entendre…
Les six ouïes du capot arrière reflètent le nombre de cylindres. « Clairement, ce n’est pas un projet qui peut découler d’une idée de style préconçue », considère le patron du design Flavio Manzoni. « Il était évident pour moi et mon équipe que nous voulions faire quelque chose d’absolument futuriste et disruptif. »
« Nous ne voulions pas en être détournés par la nostalgie ou l’idée de continuité », poursuit-il.
Tellement disruptif, à vrai dire, qu’il a été initialement question de faire de la F80 une monoplace. « Pourquoi ? Parce que nous voulions lui donner des proportions vraiment extrêmes, donc une cabine très étroite, des épaules aussi larges que possibles, etc. C’était clairement une provocation, mais en travaillant ensemble nous sommes parvenus à produire l’effet d’une monoplace sans sacrifier la place passager. »
Les heureux passagers des 799 non moins heureux propriétaires savoureront donc d’autant plus leurs virées en F80.
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