La McLaren W1 et la Ferrari F80 intéressent-elles vraiment quelqu’un ?

La W1 et la F80 incarnent l"élite des hypercars. Mais leur surenchère ne les rend-elle pas prévisibles, voire... oubliables ?

Jethro BOVINGDON
Publié le : 20 janvier 2025

Ça y est, on les connaît. La Sainte Trinité des McLaren P1, LaFerrari et Porsche 918 Spyder est enfin de retour. Bon, sans candidate de chez Porsche, pour l’instant. La Mission X, 100 % électrique, semble avoir été mise discrètement sous le tapis, conséquence probable de la difficulté des Rimac Nevera et autres Lotus Evija à trouver des clients. L’Aston Martin Valhalla est sur les rangs pour reprendre le flambeau mais, pour l’instant, revenons-en au duel annoncé entre les McLaren W1 et Ferrari F80.

Ce qui est sûr, c’est que la Ferrari ne pourra cette fois plus compter sur la bande-son d’un V12 atmosphérique à 9 000 tr/min. La F80 a en effet adopté un V6 3 l biturbo associé à un moteur électrique sur l’essieu avant, ce qui en fait désormais un monstre hybride et quatre roues motrices. Le style ? Futuriste… façon années 1980. Brutal, dense et terriblement agressif. La technologie embarquée dérive, ou au moins s’inspire, de la 499P des 24 Heures du Mans. Et le résultat est spectaculaire : 1 200 ch, 0 à 200 km/h en 5,7 s et 1 050 kg d’appui dès 250 km/h.

La W1 n’est pas moins impressionnante. Encore plus puissante que la Ferrari avec son V8 4 l biturbo et son moteur électrique développant 1275 ch à eux deux, elle est aussi plus légère. Mais comme cela reste une propulsion, ses chiffres d’accélération sont légèrement en retrait par rapport à la F80. Elle génère 1000 kg d’appui à 280 km/h. L’essai comparatif s’annonce dantesque.

Mais… est-ce que ça intéresse vraiment quelqu’un ? Attention, ne vous méprenez pas. L’idée de conduire une W1 ou une F80 est émoustillante. Les perfs sont hallucinantes, et nul doute que chacune procurera un shot d’adrénaline XXL. Mais peut-être que les règles du jeu ont changé. La course à l’armement commence à ressembler à une impasse. Une McLaren 750S ou une Ferrari 296 GTB sont déjà trop performantes dans la vraie vie, alors ces deux-là… À ce niveau, la performance est addictive, certes. Mais quand on ne peut y goûter plus d’une fraction de seconde sur la route, n’est-ce pas un peu vain ?

Peut-être. Et pourtant, il y a des gens à qui ça continue de parler. La preuve : les W1 et F80 sont d’ores et déjà d’énormes succès. Elles sont toutes vendues : 399 McLaren et 799 Ferrari, à respectivement 2,4 et 3,6 millions d’euros pièce. Notre vidéo sur la présentation de la F80 a fait le plein de vues. Les journalistes vont s’entretuer pour participer aux essais. Il serait donc ridicule de critiquer la démarche de Ferrari et McLaren. Et pourtant…

Ne sont-elles pas un peu prévisibles ? Voire, j’ose le mot, oubliables ? Pour moi, le marché de l’hypercar se définit maintenant autour de deux pôles : la GMA T.50 d’un côté, merveilleusement légère, pure et exploitable, et l’Aston Martin Valkyrie de l’autre, obsédée par l’aérodynamique. L’une remastérise les classiques avec une ingénierie qui confine à l’art, l’autre repousse les limites pour faire passer la voiture de route dans une toute nouvelle dimension. Elles sont déjà iconiques, au même titre qu’une F40 dans les années 1980 ou qu’une F1 dans les années 1990.

À côté, la W1 ressemble juste à une énième McLaren, simplement avec un plus gros bâton de dynamite sur l’arrière-train. Et la Ferrari s’inscrit dans une tendance de la course automobile que la plupart d’entre nous voudrions bien voir s’inverser pour revenir au spectacle de voitures légères et agiles qu’on entend à l’autre bout du continent. Toutes deux représentent parfaitement la quête absurde d’un toujours plus qui n’est jamais assez.

Top Gear
Newsletter

Recevez les dernières news, tops et exclusivités sur votre adresse e-mail.

Je m'inscris