Bentley « ne vise pas de gros volumes » pour son SUV électrique
Frank-Steffen Walliser, patron de Bentley, en dit plus sur le futur "SUV urbain de luxe", et l'avenir de la marque en général.

TopGear.com s’est entretenu avec le directeur général de Bentley Frank-Steffen Walliser à propos du « SUV urbain de luxe » électrique de la marque. Si l’on ne connaît pas encore son nom, on peut déjà s’interroger sur sa définition.
Pourquoi l’appellent-ils « urbain », par exemple ? Est-ce lié à son autonomie ? N’est-il pas capable de s’éloigner des villes ? « Bien sûr que si. C’est une Bentley. Vous pouvez toujours partir voyager avec, assure Walliser. La taille de la batterie est impressionnante. La vitesse de charge est ce qui se fait de mieux. Donc cette voiture offrira une excellente autonomie et des temps de trajet courts. »
« Et les propriétaires de Bentley ne font pas 1 000 km par jour. Ça, c’est pour les chauffeurs poids lourd. Les propriétaires de Bentley prennent l’avion. »
Il insiste cependant sur le fait que la technologie électrique sera à la pointe du savoir-faire de son groupe. « Elle repoussera les limites en matière de temps de charge, de densité énergétique, de compacité, de puissance et d’efficience des moteurs électriques, tout ça. La crème du Groupe [Volkswagen et Porsche]. Chez Bentley, nous avons accès à toute cette technologie et à ces composants de pointe. Les autres acteurs de notre segment n’ont pas tout ça. »
Qui sont ces autres acteurs, d’ailleurs ? Aston Martin, Ferrari, Rolls-Royce, dit-il. Plus le cousin Lamborghini, qui a lui aussi évidemment accès à cette banque d’organes. Nous nous permettrons toutefois de rappeler que Rolls-Royce appartient à BMW, qui n’est pas exactement à la traîne en matière d’électrification. D’ailleurs, la marque de Crewe est la seule du lot à avoir déjà commercialisé une voiture électrique, la Spectre.
La technologie évoquée par Walliser est celle des dernières Porsche et Audi, qu’on trouve sur la plate-forme des nouveaux Macan électrique et A6/Q6 e-tron. Porsche avait indiqué qu’on pouvait envisager quelque 900 ch sur cette base. Le SUV Bentley sera un peu plus long et plus large que le Macan, qui propose actuellement jusqu’à 639 ch en version Turbo, avec une batterie 95 kWh à 800 V qui peut recharger de 10 à 80 % en 21 minutes.
Le Macan Turbo annonce 518 km d’autonomie WLTP, mais la Bentley sera plus lourde et moins aérodynamique. Son rayon d’action sera donc inférieur, sauf si elle adopte une plus grosse batterie. Dans tous les cas, nous avions trouvé le Macan et le Q6 très efficients pour leur gabarit.
Et donc, pourquoi « urbain » ? « Il est plus compact en longueur et en hauteur. Donc une voiture plus compacte… pour une Bentley ». Comprendre qu’il fait un tout petit moins de 5 m de long. Sur le premier croquis, on peut voir une ligne de toit légèrement fuyante, pour l’aéro et le cachet « coupé » à la mode, une ceinture de caisse qui rebique au niveau de la custode, et des hanches marquées. Le style est-il gelé ? Walliser sourit et sous-entend que non. « Nous n’avons montré que les grandes lignes. Attendez un petit peu. »
Un petit peu, ce sera tout de même jusqu’à fin 2026, pour une production amorcée début 2027. Une importante surface a déjà été prévue dans l’usine de Crewe pour la chaîne de production, et les machines-outils arrivent.
En venant s’ajouter aux Continental GT/GTC, Flying Spur et Bentayga, ce SUV électrique fera-t-il faire un bond aux ventes Bentley ? « Pas décisif, parce qu’on a des clients qui envisagent une Bentley en général, et qui opteront peut-être pour notre voiture électrique. Mais c’est un ajout, quelque chose de neuf qui créera de nouveaux profits, d’après nous. »
« Cependant, Bentley n’est pas une entreprise à gros volumes. Nous ne rercherchons donc pas des ventes très élevées. Nous voulons en faire une voiture encore plus unique et plus spéciale pour le client. Nous privilégions une forte marge par voiture. »
La première Bentley électrique est donc sur le pas de lancement. Mais depuis que Walliser a pris les commandes – cet ingénieur était encore l’an passé responsable du Développement global des véhicules chez Porsche, après avoir notamment dirigé Porsche Motorsport , les gammes 911 et 718, et supervisé le développement de la 918, excusez du peu –, il a décidé de repousser l’échéance d’une gamme 100 % électrique de 2030 à 2035.
Pourquoi ? Walliser souligne que Bentley continue d’investir fortement dans l’électrification mais dit que lorsqu’on demande aux clients ce qu’ils veulent, ils ont tendance à réclamer ce qu’ils ont déjà, mais en un peu mieux. « Il est difficile pour un client de juger de l’impact d’une nouvelle technologie qui marque un changement de sujet complet. »
Par ailleurs, toutes les régions du monde ne s’électrifient pas à la même vitesse. La Chine a pris de l’avance, puis l’Europe, les États-Unis sont à la traîne, le Moyen-Orient se fait prier, le Japon et une bonne partie du marché asiatique s’y mettent lentement, l’Afrique n’a pas commencé. Or Bentley vend partout.
« Si vous êtes 100 % électrique, vous êtes 100 % électrique. Pourquoi prendre un tel risque en pariant sur l’une ou l’autre direction ? Il serait aussi complètement absurde de ne proposer que du thermique et de ne pas avoir d’électrique au catalogue. Certaines personnes rejettent par principe les voitures thermiques et disent ne vouloir qu’une électrique. Nous constatons aussi une forte acceptation des hybrides rechargeables. »
« Il s’agit donc tout simplement de gestion du risque. De ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. »
Top Gear
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