La toute dernière Chiron. Et peut-être la plus frustrante, on y reviendra. Pour l’instant, dites bonjour à la Bugatti Chiron Profilée.
Il s’agit d’un exemplaire unique, basé sur la Pur Sport. Autrement dit la plus légère et la plus pistarde de toutes les Chiron, qui se distinguait notamment par ses roues en magnésium, sa boîte étagée plus court (pour un 0 à 100 km/h en 2,3 s et un 0 à 200 km/h en 5,5 s) et un aileron arrière surdimensionné.
Néanmoins, les clients Bugatti en voulaient plus, ces casse-pieds. Ils auraient demandé une voiture qui allie les qualités dynamiques de la Pur Sport à l’esthétique plus « discrète » des Chiron « standard ». La Profilée était née.
À la place du grand aileron mobile, on trouve ici un becquet fixe en queue de canard évidée, qui parvient à générer 80 % de l’appui de la Pur Sport. Tout en nuisant moins à la traînée : la vitesse de pointe est bridée à 380 km/h, contre 350 pour une Pur Sport. Le dessin de la partie inférieure de l’aileron, avec le diffuseur, permet aussi de mieux évacuer l’air du soubassement.
À l’avant, les prises d’air sont élargies, de même que la calandre en fer à cheval, au profit du refroidissement. Bugatti a revu le dessin du bouclier. Ils ont peaufiné les réglages du châssis pour un compromis qui situe la Profilée à mi-chemin entre une Sport et une Pur Sport. Les ressorts sont 10 % plus raides que sur la Sport, et les roues arrière gagne 50 % de carrossage négatif, l’objectif étant d’augmenter le grip sans rogner sur le confort.
Evidemment, on retrouve le légendaire W16 8 l quadriturbo de 1 500 ch. On croyait lui avoir dit adieu sur la Mistral, mais on ne va certainement pas se plaindre…
La polémique, maintenant. « Tenant compte de la demande de nos clients pour une version moins radicale de la Chiron Pur Sport, nous avons débuté la conception et le développement de la Chiron Profilée à l’automne 2020, explique Christophe Piochon, président de Bugatti. Lorsque le prototype de présérie est sorti de la chaîne de production, tous les créneaux de production prévus pour les 500 exemplaires de la Chiron avaient déjà été réservés ». Résultat, la Profilée rejoint les Divo, Centodieci et La Voiture Noire au rayon « one-off ». Comme cette dernière, ce sera même un exemplaire unique.
Tant mieux pour son pedigree, tant pis pour tous les clients qui lorgnaient dessus. Leur seule chance de l’ajouter à leur collection est désormais de se présenter le 1er février 2023 au Louvre, où RM Sotheby’s la vendra aux enchères (une partie du prix sera consacrée à des œuvres caritatives). Il y a donc une poignée de clients potentiels, privés de la voiture de leurs rêves, qui sont prêts à s’écharper en salle des ventes. Il va y avoir de l’action jusqu’au coup de marteau le 1er février…
Quelques détails supplémentaires pour la bonne bouche : cette voiture a été baptisée en hommage à la Bugatti Type 46 coupé « Profilé », une auto de 1931 à la poupe fuyante. Elle revêt une livrée exclusive Argent Atlantique, sur une partie inférieure en carbone brut Bleu Royal. Les roues sont elles aussi spécifiques. Comme pour tout « one-off », tout ceci a dû repasser toute les étapes de développement et de contrôle qualité. Cela inclut la sellerie tissée et ses 2,5 km de brins de cuir entrelacés.
La Profilée ne sera pas la dernière Chiron construite, mais elle restera la dernière annoncée. On attend maintenant de voir comment Bugatti, désormais barré par Rimac, compte enchaîner. Début de réponse l’année prochaine si tout se passe bien. En attendant, un pronostic sur le montant de l’enchère ?