Avec les prix astronomiques atteints ces dernières années sous le marteau par les Ferrari des années 50, les McLaren F1 ou les Mercedes 300 SLR, les chiffres n’ont plus tout à fait le même impact qu’autrefois. Néanmoins, vous conviendrez sans doute que les 9 792 500 € (neuf millions sept cent quatre-vingt-douze mille cinq cents euros) atteints par la Bugatti Chiron Profilée lors de la vente RM Sotheby’s au Carrousel du Louvre sont un assez joli score.
Il faut dire qu’elle n’a beau être « qu’une » Chiron – et pas un produit dérivé plus exclusif comme la Divo, la Centodieci ou La Voiture Noire –, cette édition spéciale a un statut vraiment très particulier. Figurez-vous que Bugatti avait prévu de produire une petite série (un pléonasme à Molsheim, mais on se comprend) de cette Chiron Profilée, qui devait allier le tranchant d’une Pur Sport à une philosophie plus GT.
Mais sa naissance a été contrariée par un problème de riches : la demande pour les différentes Chiron a été suffisamment forte pour que la commercialisation d’une poignée de Profilée en plus ne fasse passer la production globale de l’hypercar au-dessus de la limite des 500 exemplaires fixée initialement par Bugatti. La série limitée n’a donc jamais vu le jour et l’exemplaire de pré-série… un exemplaire unique. Ce qui fait de la Chiron Profilée le vrai Graal de la famille.
D’autant qu’elle n’a pas besoin de cette exclusivité pour être impressionnante avec son aileron en queue de canard et son bouclier avant spécifique, de part et d’autres de prises d’air agrandies. Sans parler de sa magnifique livrée Argent Atlantique.
Mécaniquement, elle a aussi droit à un rupteur 200 tr/min plus haut. Elle est bridée à 380 km/h, loin des 420 de la Chiron standard mais bien au-dessus des 350 de la Chiron Pur Sport dont elle dérive, à la traînée plus élevée. La Profilée reprend l’étagement court de cette dernière, qui passe de 0 à 100 km/h en 2,3 s et de 0 à 200 km/h en 5,5 s.
Pour mieux combiner sport et grand tourisme, la Profilée profite aussi de ses propres réglages de direction et de trains roulants. Elle récupère l’accastillage intérieur (palettes, sélecteur de mode) de la Pur Sport, sur une sellerie qui fait la part belle au cuir tissé (2 665 brins de cuir, s’il vous plaît).
Entre sa rareté, sa présentation sublime et sa fiche technique au-dessus du lot, on comprend déjà mieux le prix atteint par la Chiron Profilée aux enchères qui en fait, au passage, la voiture neuve la plus chère jamais vendue aux enchères. Une belle première vente pour Benjamin Arnaud, le nouveau directeur des ventes France de RM Sotheby’s. De toute façon, si elles les a atteint, c’est qu’elle les vaut… Neuf millions sept cent quatre-vingt-douze mille cinq cents euros.