Arrêtez tout, voici la Bugatti Tourbillon

Trois moteurs électriques. Un V16 8,3 l atmosphérique. 1 800 ch. 445 km/h. 3,8 millions d'euros HT. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, contemplez le nouveau joyau de Bugatti.

La rédaction
Publié le : 21 juin 2024

La reine est morte, vive la reine ! La remplaçante de la Bugatti Chiron s’appelle Tourbillon. Comme cette complication qui, sur certaines montres hors de prix, permet à un mouvement d’horlogerie de contrer les effets de la gravité.

Forte de 1 800 ch, la Tourbillon est 3 cm plus basse qu’une Chiron (1,19 m) et 13 cm plus longue (4,67 m), sur un empattement en hausse de 3 cm (2,74 m). C’est qu’il y a des choses à rentrer là-dessous, dont un tout nouveau 16 cylindres 8,3 l atmosphérique signé Cosworth, non plus en W mais en V, avec un vilebrequin d’un mètre de long et une nouvelle boîte double embrayage à huit rapports juste derrière.

Mais aussi une batterie de 25 kWh pesant 200 kg, logée en T dans le tunnel central, à l’emplacement qu’occupait la boîte de vitesses sur la Chiron. Et enfin trois moteurs électriques, deux sur l’essieu avant et un à l’arrière. Car la Bugatti Tourbillon est une hybride rechargeable, dont les choix architecturaux ne sont d’ailleurs pas sans rappeler ceux de Lamborghini sur la Revuelto. Malgré tout, Bugatti promet une masse inférieure aux 1 995 kg de la Chiron, et 445 km/h en pointe avec la clé magique.

Nous demandons à Mate Rimac, patron de la jeune coentreprise Bugatti Rimac, s’il n’aurait pas été plus facile de concevoir une hypercar 100 % électrique. « Bien sûr, la [Rimac] Nevera pourrait être recarrossée en Bugatti. Financièrement, c’est même le choix logique, mais c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire, d’où mon acharnement à combattre cette idée. Bugatti, c’est avant tout un héritage, un savoir-faire, la qualité et la performance, mais c’est plus aristocratique, il s’agit de perpétuer un monde analogique », explique-t-il.

« Alors je me suis dit OK, prenons la Chiron et hybridons-la. Mais ce n’était pas bon non plus parce que cela aurait extrêmement lourd, et tout aurait été compromis. Je suis donc arrivé à une proposition complètement folle : développer une voiture entièrement nouvelle. »

L’air de famille ne vous aura pas échappé : la Tourbillon ressemble à une Chiron qui serait allée à la salle et à qui on aurait volé son goûter. Mais en y regardant de plus près, on remarque comme le cockpit plus étroit accentue les épaules. La poupe aérienne, avec son diffuseur deux fois plus volumineux que celui de la Chiron et ses échappements haut perchés, en titane imprimé en 3D, entre des pneus arrière exposés façon hot-rod et sous un aileron mobile.

Le spectacle se poursuit quand on ouvre les magnifiques portes dièdres, coquetterie que ni la Chiron, ni la Veyron ne s’étaient permise. L’habitacle ressemble à celui d’une Chiron, mais revisité par un horloger venu du futur. Un côté Pagani en moins gothique. Derrière le volant à moyeu fixe – sûrement un hommage à la Citroën C4 –, le tableau de bord est littéralement une pièce d’orfèvrerie puisqu’on trouve des saphirs et des rubis enchâssés dans ces compteurs en titane. Des compteurs que Bugatti a voulu intemporels, donc analogiques. Le seul écran à bord s’escamote délicatement derrière la fine console centrale en verre et en aluminium.

Mais c’est sûrement pour les chiffres que vous êtes venus. Les performances sont encore très théoriques à l’heure qu’il est puisque les premières livraisons ne sont pas prévues avant 2026. Le V16 8,3 l atmo, qui rupte à 9 000 tr/min, développe à lui seul 1000 ch pour 900 Nm. Autant que le W16 8 l quatriturbo de la Veyron… Les trois moteurs électriques (deux à l’avant, un à l’arrière, donc) font 340 ch chacun. C’est-à-dire que même sans réveiller le V16, vous avez déjà non seulement quatre roues motrices, mais aussi une autonomie de 60 km et de quoi tenir une Ferrari 12Cilindri en sortie de péage. Tout en restant en bons termes avec vos voisins.

La vitesse est bridée à 445 km/h, ce qui devrait suffire même sur l’Autobahn. Iront-ils chercher un nouveau record ? « On verra », répond Mate, ce qui signifie « oui ». Bugatti annonce un 0 à 400 km/h en 25 s. Si vous n’avez pas d’ordre de grandeur sur cet exercice, la Chiron avait besoin de 32,6 s. Voilà qui devrait donner de la marge à Andy Wallace sur l’anneau d’Ehra-Lessien. Bugatti promet aussi un 0 à 100 km/h en moins de 2 s (il fallait 2,4 s à la Chiron), un 0 à 200 km/h en moins de 5 s (contre 6,1 s) et un 0 à 300 km/h sous les 10 s (13,1 s). Vivement le match avec la Nevera des collègues…

Bugatti produira 250 Tourbillon (deux fois moins que de Chiron), à 3,8 millions d’euros hors taxes, soit un prix TTC qui avoisinera les 5 millions une fois l’auto personnalisée dans les moindres détails. À une cadence de 80 voitures par an, voilà qui devrait occuper l’usine de Molsheim jusqu’en 2029.

La Bugatti Tourbillon n’est pas seulement un nouveau jalon en matière de performances, c’est aussi une victoire pour le moteur thermique et plus généralement pour une certaine philosophie analogique de l’automobile dans un monde en train de s’électrifier à marche forcée. Ou, comme dit Mate, « une hypercar qui dit oui au progrès, mais sans sacrifier l’émotion. »

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