Vous le savez, l’édition 2023 des 24 Heures du Mans s’annonce comme un très grand cru. Grâce à la nouvelle règlementation, on verra en effet s’affronter entre autres Toyota, Porsche, Ferrari, Peugeot ou Cadillac, en attendant Alpine, BMW et Lamborghini en 2024. Pincez-nous, on rêve (AÏE !). Comme si cela ne suffisait pas, le Garage 56 aura lui aussi des hôtes de marque cette année.
Créé en 2012 pour accueillir une voiture hors-catégorie, le Garage 56 est généralement dédié à l’innovation, à des solutions techniques avant-gardistes. On se rappelle la Nissan Deltawing, sa descendante électrique la ZEOD RC, ou des tentatives à l’hydrogène ou au bio-méthane. Souvent des partis-pris environnementaux forts, donc.
Cette année… nope. Ce sera une Chevrolet Camaro de NASCAR, avec son V8 atmosphérique 5,9 l et ses quelque 1 500 kg. Elle sera évidemment préparée en conséquence, à la fois pour tenir deux tours d’horloge et pour avaler dignement Dunlop ou les S Porsche.
Il sera d’autant plus difficile de rater cette guest-star qu’on retrouvera au volant môssieur Jenson Button, qui a dévoilé sa participation aux 24 Heures du Mans en marge de celles de Daytona ce week-end, où bon nombre de protos LMDh faisaient leurs débuts six mois avant de partir à la quête du Graal dans la Sarthe.
« C’est une surprise totale, j’étais en route pour Disneyland et j’ai pris la mauvaise sortie, blague-t-il. Je me suis toujours considéré comme un pilote de course et maintenant que j’ai fini ma carrière en F1, je cherche de nouveaux défis. Celui-ci est particulièrement enthousiasmant. »
L’Anglais a couru par-ci, par-là depuis qu’il a quitté la F1 fin 2017, et fait profiter Radford de ses talents de metteur au point. Ce sera sa deuxième participation au Mans après 2018, où il avait roulé sur une LMP1 du SMP Racing qui avait abandonné à une heure de l’arrivée. Cette année, il ne gagnera pas (sauf si Netflix s’en mêle…) mais on lui souhaite évidemment de voir le drapeau à damiers.
Le champion du monde de F1 2009 partagera la Camaro avec deux autres pointures : l’Allemand Mike Rockenfeller, vainqueur des 24 Heures du Mans, de Daytona et du Nürburgring en 2010 puis champion DTM 2013 (le tout avec Audi) ; et l’Américain Jimmy Johnson, septuple champion NASCAR qui sera plus dépaysé par le circuit que par la voiture, engagée par Hendrick Motorsports.
« Avant d’aller au Mans, je pensais que la Formule 1 était le sommet, reconnaît Button. Mais le Mans est une course vraiment à part. C’est la course d’équipe par excellence. Nous devons tous travailler ensemble pour être performants et en tirer un résultat. »
C’est après avoir été invité par Rockenfeller à assister aux essais de la Camaro à Sebring que Button a décidé de rejoindre le programme. « Je n’ai pas encore conduit la voiture, précise-t-il, mais j’étais au test de Sebring et j’ai regardé et écouté toutes les informations que les pilotes pouvaient en tirer. »
En plus d’être modifiée pour mieux digérer le passage de ses bankings chéris à un circuit routier de 13 km de long, la Camaro devra aussi s’équiper de vrais phares plutôt que des stickers habituels des voitures de NASCAR. L’équipe testera cet éclairage cette semaine à Daytona, où Button fera ses premiers tours de roue par la même occasion. Rappelons aussi que si son enveloppe en fibre de verre rappelle vaguement une ZL1 de série, la Camaro de Nascar ne partage strictement rien avec elle puisqu’elle repose sur un châssis tubulaire en acier désormais standardisé dans la discipline.
« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour apporter l’ADN du NASCAR au Mans, explique Jimmy Johnson. C’est vraiment le but de ce programme. Même ce gros V8 : tout le monde en France va adorer l’entendre vrombir dans les lignes droites. » On confirme.