Cascades, courses-poursuites : les confidences du boss des effets spéciaux de James Bond
Le grand manitou des effets spéciaux Chris Corbould évoque son travail sur Mourir peut attendre, et ses Bond Cars préférées
L’homme que vous avez devant vous s’appelle Chris Corbould, et vous connaissez forcément son œuvre. Car même si vous n’avez pas vu Mourir peut attendre, il a participé à tous les James Bond depuis L’Espion qui m’aimait en 1977. Il est à la tête de l’équipe des effets spéciaux depuis GoldenEye (1995), et a bien voulu parler cinéma, voitures et cascades avec Top Gear en amont de la sortie en DVD et Blue-ray du 25e film de la franchise.
Top Gear : Comment arrive-t-on dans les effets spéciaux ? Comment votre carrière a-t-elle commencé ?
Chris : J’étais à l’école, je venais d’en terminer avec des examens quand j’ai reçu un appel de mon oncle, qui bossait à l’époque dans les effets spéciaux. Il m’a demandé si je voulais l’aider sur un film, Tommy, avec les Who, pendant mes vacances. J’étais un grand fan, donc j’ai sauté sur l’occasion.
Quand j’y suis allé et que j’ai vu tout ce qu’impliquait ce job, c’est instantanément devenu ma carrière. Je ne suis jamais retourné à l’école. J’ai obtenu un poste dans une société d’effets spéciaux aux studios Pinewood et j’ai passé des années à apprendre sur les effets spéciaux et la technique.
Une fois que j’ai commencé, je me voyais bien ingénieur, et on m’a donc associé avec un ingénieur R&D extrêmement doué, dont je suis devenu l’apprenti officieux. Il m’a appris le dessin technique, comment utiliser un tour, comment souder, toutes sortes de choses. Ça m’a vraiment conforté dans cette voie.
Disons que vous avez une course-poursuite prévue dans un film comme Mourir peut attendre, comment est-ce que ça se planifie ?
Le processus prend pas mal de temps. Ça commence quand on reçoit un script et qu’il contient le mot « course-poursuite. » Dans le cas de Mourir peut attendre, il y en avait deux.
La question suivante est quel genre de course-poursuite. Pour ce film, par exemple, il y avait une volonté de ressortir la DB5 dans un rôle à part entière, et pas seulement un caméo où on la verrait disparaître dans le soleil couchant. Une fois que c’était acté, je suis allé chez Aston Martin, j’ai parlé avec les techniciens et les ingénieurs de nos besoins. Quand j’ai dit « Ah, et on veut que ce soit la DB5 », il y a eu un moment de silence. Ensuite j’ai dit qu’il nous en fallait dix, et il y a eu un silence encore plus long.
Mais Aston Martin est une entreprise formidable et ils relèvent toujours le défi. Nous avons songé à acheter des voitures d’origine, mais ça n’aurait jamais été possible à cause du prix Nous avons donc envisagé la location, mais franchement, vous confieriez votre DB5 adorée à une équipe de production de James Bond pour une scène d’action ? J’en doute. Nous nous sommes donc arrêtés sur deux DB5 originales pour les gros plans, et huit voitures spécialement construites pour les cascades par Aston, dont deux avec un poste de conduite sur le toit pour que Mark Higgins puisse conduire pendant que Daniel et Léa étaient dans la voiture.
Daniel est lui-même un conducteur accompli et il a fait quelques-uns des donuts sur la place à Matera.
Comment dirigez-vous les cascadeurs sur le plateau ?
C’est le coordinateur des cascades Lee Morrison qui s’en occupe. Lee et moi avons probablement été à Matera une bonne douzaine de fois en reconnaissance, pour nous assurer que tout était parfait avant le tournage. Ensuite, il a répété les cascades de nombreuses fois.
Quelle a été la Bond Car sur laquelle vous avez préféré travailler dans toute la franchise ?
Nous avons bien sûr une relation privilégiée avec JLR, et les XF ont fait de parfaites voitures de méchants. Pour choisir ces voitures, j’ai proposé différentes options au réalisateur Cary Joji Fukunaga. Cary a aimé l’idée de la Maserati Quattroporte sur le pont, et celle du vieux Land Cruiser poursuivi par les nouveaux Defender dans Mourir peut attendre. Tout le monde à son mot à dire et si on a les bons arguments, on peut être soutenu.
La Jaguar XKR de Meurs un autre jour était intéressante avec ses missiles dans la calandre. Elle était modifiée de fond en comble, et assez fun comme voiture de méchant.
Est-ce qu’il y a dans un coin de votre tête des cascades qui n’ont jamais été faites avant ?
Je voudrais récupérer une Formule 1 et la mettre dans un environnement où on ne l’attendrait pas, comme on l’avait fait avec la scène du tank dans GoldenEye. Ce serait amusant.
Attention à ce que vous allez répondre : quelle est la meilleure course-poursuite ou cascade, tous films confondus ?
Pas facile. En tant que cascade pure, je pense que le tonneau de L’Homme au pistolet d’or était assez extraordinaire.
Nous avons aussi fait une belle course-poursuite dans Le Rythme de la vengeance. Je sais que le film n’a pas eu de succès, mais tout a été filmé depuis l’intérieur d’une voiture avec une caméra à main levée, Blake Lively au volant et tout le reste de l’action autour. J’ai trouvé qu’il s’en dégageait une énergie rare. C’était inhabituel.
Le risque, avec les courses-poursuites, c’est de les faire durer trop longtemps. On ne peut pas passer le film à faire glisser une voiture dans un virage, ou la faire rentrer dans une autre. Pour moi, la course-poursuite parfaite est courte, mais léchée.
Y a-t-il autre chose qui soit décisif pour faire une bonne (ou une mauvaise) course-poursuite ?
Je pense juste qu’il faut qu’elle soit originale. Que ce soit vis-à-vis du lieu, ou de ce qu’on fait faire à la voiture. Toujours être original.
Mourir peut attendre sera disponible le 16 février 2022 en DVD, Blue-ray et 4K Ultra HD.
Photo en tête d’article : Ady Kerry/PinPep
Top Gear
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