Les phares escamotables, c’est la classe. Alors pourquoi se contenter de deux quand on peut en avoir quatre ? Et quand on dit « on peut », vous pouvez vraiment : cette Cizeta CZT de 1993 sera mise aux enchères le 22 janvier par RM Sotheby’s en Arizona.
Alors oui, il faudra prévoir entre 600 000 et 750 000 $, mais c’est un détail négligeable face à la rareté de cette voiture coolissime. Elle est l’oeuvre de Claudio Zampolli, un ingénieur italien qui, après avoir supervisé le réseau Lamborghini aux Etats-Unis dans les années 70, avait lancé sa propre affaire à Los Angeles, un garage spécialisé dans les supercars.
À la fin des années 1980, il se lance dans la conception de sa propre voiture avec le soutien du producteur de musique Giorgio Moroder. Qui venait alors de signer Take My Breath Away dans la B.O. de Top Gun, quelques années après Hot Stuff pour Donna Summer. Coïncidence ? Impossible.
Pour aller défier Ferrari et Lamborghini, le duo voit les choses en grand. Ainsi, Zampolli fait développer un V16 6.0 en aluminium en position centrale arrière, logé transversalement (d’où V16T). Au menu, 540 ch, qui passent aux seules roues arrière via une boîte manuelle à cinq rapports. Une voiture qui ne se conduit pas exactement toute seule, donc, d’autant qu’il n’y a ni direction assistée, ni ABS sur ce monstre d’1,7 t.
Comme vous l’aurez peut-être deviné, la spectaculaire carrosserie est signée Gandini. Il se dit que le dessin est issu de ses travaux sur la Lamborghini Diablo, retoqués en cours de route par Chrysler qui venait de racheter la marque de Sant’Agata. Et si les feux arrière vous rappellent quelque chose, c’est parce qu’ils proviennent de l’Alpine A310. L’ensemble n’a toutefois rien d’un bricolage et la qualité d’assemblage a été saluée par plusieurs témoins de l’époque.
Bien que Moroder ait quitté le navire en 1990 après le premier prototype, Zampolli a réussi à produire neuf exemplaires de la Cizeta (voire onze, selon certaines sources). Trois ont été commandés par la famille du sultan de Brunei (parce qu’une seule supercar V16, ça fait un peu misérable, c’est vrai). Parmi eux, deux Cizeta noires ont ensuite été complètement modifiées par Pininfarina pour se voir greffer un 12 cylindres à plat Ferrari. C’est bien la peine que Zampolli se décarcasse… Cet exemplaire bleu a quant à lui été expédié à Singapour et stocké en l’état pendant 25 ans chez le concessionnaire Hong Seh Motors, non sans avoir été d’abord sous le feu des projecteurs au salon de Genève 1993, et avoir posé pour les photos du dossier de presse. Notez les ailettes des entrées d’air latérales, horizontales comme sur les prototypes alors qu’elles sont verticales sur la plupart des Cizeta commercialisées.
25 ans plus tard, la Cizeta bleue a fini par être exfiltrée et restaurée par son propriétaire actuel. Son compteur indique très exactement 983 km, dont l’essentiel remonte aux tests en sortie d’usine. Si ce n’est pas malheureux… Elle est désormais en parfait état de marche et ne demande qu’à rattraper le temps perdu. L’heureux acquéreur de cette merveille n’aura donc aucune excuse pour ne pas la conduire.
Images: RM Sotheby’s