Quoi, Dacia va participer au Dakar ?
Mais si, rappelez-vous, ils l’ont annoncé l’année dernière, en même temps que leur dream team. On retrouvera au volant de ce Dacia Sandrider Sébastien Loeb (cinq podiums en huit participations au Dakar, on vous fait grâce du reste de son palmarès) et son copilote Fabian Lurquin, Nasser El-Attiyah (quintuple vainqueur de l’épreuve, dont on ne connaît pas encore le navigateur) et Cristina Gutiérrez Herrero (victorieuse cette année en catégorie Challenger pour sa huitième participation) avec Pablo Moreno Huete. Inutile donc de préciser que Dacia n’a pas l’intention d’amuser le terrain.
Et un Sandrider, kézaco ?
Le futur vainqueur du Dakar, si tout se passe bien. Ce proto Dacia sera homologué en catégorie de pointe Ultimate T1+, et basé sur le Prodrive Hunter. C’est en effet l’écurie britannique qui représentera la marque roumaine en rallye-raid. Châssis tubulaire sous une carrosserie en fibre de carbone, V6 3 l biturbo de 360 ch, quatre roues motrices, 35 cm de débattement de suspension, le Sandrider ne devrait avoir aucun mal à rivaliser avec les meilleurs en vitesse pure à voir les performances du Prodrive Hunter cette année aux mains de Sébastien Loeb. En revanche, on espère qu’il sera plus solide…
Pourquoi pas quelque chose qui ressemble davantage à un Duster ?
Parce que ça aurait l’air bizarre. David Durand, directeur du design Dacia, a été clair quant au fait qu’il ne voulait pas voir un Duster gambader dans le sable. Si l’engin fait 2,3 m de large, personne ne croira plus que cela puisse être un Duster (souvenez-vous des Mini « Countryman »…). Chez Prodrive, on ne s’en plaint pas.
« Ils ont immédiatement poussé un ouf de soulagement, raconte David Durand. Ils avaient peur que nous leur demandions d’adapter un de nos designs qui n’irait pas du tout avec leur package, et qu’il faille batailler. Nous leur avons dit : « Non, non, non. Nous suivrons vos directives. Nous voulons gagner. » Résultat, ce Dacia Sandrider ressemble surtout au concept Manifesto, qui… n’est pas du tout un Duster.
Il a de la gueule, mais est-ce que la forme suit quand même un peu la fonction ?
Si vous avez suivi Dacia ces derniers temps, vous savez que la marque met en avant trois piliers : « essentiel mais cool », « robuste et outdoor » et « éco-malin ». Le dernier est coché grâce à l’usage de carburants synthétiques, le deuxième… c’est une voiture du Dakar, donc elle devrait tout de même être capable de franchir une bosse ou deux, mais c’est surtout le premier qui transparaît dans le style du Sandrider.
En effet, ces lignes anguleuses profitent notamment à l’aérodynamique. Dacia promet 10 % de traînée en moins et 40 % d’appui en plus par rapport à la concurrence.
La marque insiste aussi sur l’implication des équipages, tous des vétérans du Dakar, dans le dessin de la voiture. D’où un travail sur l’accès aux roues de secours, solidement sanglées contre les flancs à portée de main.
« Au début, les ingénieurs voulaient un panneau pour protéger le pneu, mais ce dernier est plus solide qu’un panneau de fibre en carbone, sourit Kevin Bouvier, designer extérieur du Dacia Sandrider. Tapez une pierre, et le panneau se casse. Or les concurrents peuvent être pénalisés s’ils sèment des pièces derrière eux. Nous avons donc appliqué l’ADN Dacia : s’il n’y a pas besoin de panneau, alors il n y’a pas besoin de panneau… Comme en plus cela facilite l’accès à la roue de secours, c’est gagnant-gagnant. Moins de pièces, moins de poids [15 kg de gagnés, selon la marque], et plus d’efficience. »
Par ailleurs, si vous changez une roue au beau milieu du désert, vous avez vite fait de perdre une clé ou un écrou dans le sable. Sauf si vous avez un panneau magnétique où les fixer pendant l’opération… « Plutôt que de risquer de perdre des vis dans le sable, vous les collez à la voiture. Rien de bien technologique, ce sont juste des solutions simples », explique Kevin Bouvier.
Et si l’on s’ensable et que l’on a besoin de sortir des plaques ? Il y en a deux clipsées à l’arrière de la voiture, et quatre de plus dans le « coffre » du Sandrider, dont le couvercle plat fait aussi office de table de travail ou d’établi selon les besoins du moment.
Notez aussi la calandre évidée qui permettra d’ajouter un peu de visibilité à travers le capot quand les voitures dévaleront des dunes. Ou encore le traitement spécial anti-infrarouge des panneaux de carrosserie en fibre de carbone, qui réfléchit la chaleur et évite de peindre le tout en blanc.
Et l’intérieur ?
Celui de la voiture définitive sera moins funky que sur les images ci-dessus, normes de sécurité obligent. Dites donc au revoir dès maintenant au volant et aux baquets, mais le reste devrait être assez ressemblant.
Pour s’adapter aux desiderata ergonomiques des trois équipages, Dacia a conçu une planche de bord modulaire inspirée… d’une chaîne stéréo Dieter Rams des années 1970, explique Théo Courtefois, designer intérieur. « Si vous voulez quelque chose, vous pouvez l’ajouter ».
Pas bête. Quoi d’autre à bord ?
Dacia a concocté une visite en réalité virtuelle pour montrer aux pilotes, et à Top Gear, à quoi ressemblera l’habitacle. Vous vous hissez dans le baquet, montez un volant devant vous, et entrez dans un monde virtuel. Ce qu’on voit évoque surtout un concept de voiture de course du futur. Il y a de la fibre de carbone partout, et beaucoup, beaucoup de boutons. Et encore, certains sont dissimulés.
Si les sièges seront aux normes FIA, ils seront garnis d’un tissu respirant et facile à nettoyer, pour éviter aux équipages de se noyer dans leur transpiration. Pour empêcher leurs petites affaires de valser dans l’habitacle entre deux sauts de dune, ces derniers ont demandé des sacs de rangement hermétiques. Il y aura aussi de la place pour 6 l d’eau, parce qu’il peut faire soif dans le Rub al-Khali.