L’avis de Paul Horrell sur… le Dodge Hornet
Le Tonale rebadgé de Dodge exaspère Paul Horrell. Plus grave, il plombe l’image d’Alfa Romeo.
Le nouveau Dodge Hornet me sort par les yeux. Pour ceux qui auraient raté cet épisode et qui voudraient s’indigner avec moi, je rappelle que c’est un Alfa Romeo Tonale avec une rhinoplastie. Même intérieur que l’Alfa, même silhouette. Seuls changent la calandre, les boucliers et les signatures lumineuses. Un clone pur et simple.
Il devient épuisant de devoir se fâcher si souvent contre Alfa Romeo. Techniquement, le Tonale lui-même est déjà à la base un Jeep Compass, autrement dit un Fiat 500X rallongé. Mais je veux bien le lui pardonner parce qu’il a un style extérieur et intérieur 100 % milanais, et qu’il délivre des sensations de conduite distinctes (à défaut d’être excellentes). Et l’on se doit d’être indulgent avec une voiture qui est peut-être celle de la dernière chance pour Alfa. Puisque personne n’achète les Giulia et Stelvio pure race, on ne va pas leur reprocher d’être pragmatiques. Comme en plus, à titre personnel, les SUV compacts me laissent parfaitement indifférent – quel que soit leur pedigree –, le Tonale ne va pas m’empêcher de dormir.
Je peux aussi comprendre la tentation de transformer le Tonale en Hornet. Le badge-engineering est un phénomène endémique aux États-Unis depuis des décennies. Développer une toute nouvelle voiture est tout simplement trop cher, surtout en ces derniers jours du moteur thermique, où l’espérance de vie d’un SUV compact n’est même plus assurée de dépasser sa période d’amortissement. Donc Stellantis a collé un nouveau logo sur le Tonale, et hop ! par ici les économies d’échelle.
Donc si je n’aime pas mais que je peux comprendre qu’ils aient fait le Tonale, et si je n’aime pas mais que je peux comprendre qu’ils l’aient rebadgé en Hornet, qu’est-ce qui me fait tiquer ? C’est le fait qu’ils nous aient menti. Ils nous ont dit que le Tonale ne pouvait être qu’une Alfa Romeo, dehors comme dedans. Promesso. Jusqu’à ce qu’on retrouve 90 % de sa carrosserie et 100 % de son habitacle derrière un blason Dodge. Oups !
Plus que ce mensonge, c’est la paresse de la démarche qui est impardonnable. Sans parler du mobilier, ils ne se sont même pas embêtés à changer le volant. Ils n’ont pas fait le moindre effort pour dissimuler les origines du Hornet et préserver la crédibilité d’Alfa sur le sol américain… où les deux voitures seront vendues côte à côte.
C’est hélas typique des marques autrefois prestigieuses qui luttent pour leur survie. Elles se sentent autorisées à nous vendre des voitures en invoquant le fameux héritage. Mais elles sabordent cet héritage en rebadgeant une Alfa en Dodge. Et elles pensent, ou espèrent, que les clients vont suivre. Si l’héritage leur importait vraiment, le Hornet ne devrait pas exister. Donc s’il existe, c’est que l’héritage ne compte pas. Et si l’héritage ne compte pas, alors il n’y a plus vraiment de raison d’acheter un SUV Alfa plutôt qu’un Kia ou un Lynk & Co.
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