Les Alfa Romeo Giulia et Stelvio sont peut-être les voitures les plus charismatiques de leur segment, et les meilleures productions de la marque depuis des décennies. Mais si personne ne les achète, à quoi ça sert qu’Alfa il se décarcasse ? C’est l’heure du retour sur terre pour le constructeur transalpin, qui lance un Tonale plus en phase avec le marché : un SUV compact, électrifié et pragmatique, qui se sert dans la banque d’organes Jeep. Arrivant entre deux 4 cylindres essence 1,5 l de 130 et 160 ch à hybridation légère et un 1,6 l diesel de 130 ch, cette version hybride rechargeable de 280 ch devient le fleuron de la gamme.

Sans être aussi découplé qu’un Stelvio, le Tonale a de l’allure derrière son regard de SZ. Et s’il reprend la plate-forme du Jeep Compass, l’atmosphère à bord n’a heureusement rien à voir. Compteurs (numériques) classiques à double casquette derrière un joli volant à moyeu rond, mobilier au dessin épuré et à l’assemblage sérieux, voilà un intérieur de bon goût. Le menu manque de matériaux plus cossus et de tons plus chaleureux pour tutoyer un Audi Q3 ou un BMW X1 en qualité perçue, mais un Volvo XC40 est à portée de tir. Les places arrière sont accueillantes, nettement plus que le coffre amputé de 115 l sur cette version PHEV : 385 l, c’est chiche pour un SUV de 4,53 m de long et 1,84 m de large. La clim a droit à sa platine physique dédiée, ce qui suffit de nos jours à faire du Tonale un parangon d’ergonomie quand même un BMW X1 y a renoncé.

Associées à la suspension pilotée dans un pack Dynamique, les magnifiques palettes de boîte en alu ne servent pas à grand-chose en pratique. En effet, malgré les 280 ch cumulés de son 4 cylindres 1,3 l turbo de 180 ch et de son moteur électrique sur le train arrière, le Tonale PHEV Q4 reste du genre paisible.

Attention, quand on le cherche, les performances sont là. Il camoufle par ailleurs très bien ses 1 835 kg (dont 125 kg pour la batterie 15,5 kWh, plus généreuse que celle de 11,4 kWh des Jeep 4xe) grâce à une suspension bien calibrée et à une direction aussi directe que légère. Trop légère, même si l’on regagne un peu de consistance en mode Dynamic. En mode standard (Natural), le confort est parfaitement maîtrisé malgré nos jantes de 20 pouces. Comme toujours dans ces cas-là, on regrette l’absence d’un mode personnalisable pour cloisonner les réglages de la suspension, de la direction et de l’accélérateur. La marque n’exclut pas d’y remédier sous peu via une mise à jour logicielle, et de peaufiner la direction par la même occasion.

La voix de crécelle du 4 cylindres à pleine charge incite à tout faire pour ne pas agacer la boîte auto, elle-même très douce et plutôt réactive. La note d’échappement a davantage de charme de l’extérieur. Ça sonne plus MiTo MultiAir que V6 Busso, mais il y a de l’idée. Reste qu’en agrément moteur comme châssis, un Peugeot 3008 Hybrid4 ou un DS 7 E-Tense 4×4 font mieux avec une fiche technique comparable. En revanche, contrairement à ses petits camarades du groupe Stellantis, le Tonale PHEV offre une pédale de frein au ressenti parfaitement naturel et à la course constante, toujours une gageure sur une hybride rechargeable. Il faut dire qu’on sent à peine le frein moteur synonyme de récupération d’énergie, et ce quel que soit le mode… En partant batterie pleine, nous aurons pu rouler 41 km en mode électrique sur un parcours composé de nationales et de traversées de village, à comparer aux 69 km WLTP annoncés. Impossible de tirer des conclusions quant à la consommation globale sur notre road-book d’une centaine de km.

Autrement convaincant que les versions à hybridation légère, ce Tonale hybride rechargeable n’est sans doute pas l’Alfa rêvée des alfistes. Mais c’est aussi peut-être pour ça que son combo raison/blason pourra faire mouche auprès de tous les autres…