Ferrari Purosangue

Avec ses quatre portes et ses quatre roues motrices, le Purosangue s'annonce comme la Ferrari la plus controversée de l'histoire. Heureusement, c'est aussi la plus polyvalente…

Tom FORD
Publié le : 10 mars 2023

9 10

« Le Purosangue est une proposition à laquelle les clients Ferrari n’avaient jamais eu droit : une Ferrari vraiment utilisable au quotidien »

Les plus Performances, sonorité, comportement sidérant... une vraie Ferrari
Les moins Seulement quatre places, capacités tout-chemin inexistantes, conso, tarif

Qu’est-ce que c’est ?

Le Purosangue. Littéralement « pur-sang », comme pour troller les tifosi qui y voient un sacrilège. Car la première tentative de Ferrari de proposer un véhicule plus haut et plus pratique a débouché sur un SUV à quatre portes (cinq en comptant le hayon), quatre places et quatre roues motrices avec un V12 6.5 sous le capot, qui ressemble à ce qu’une IA dessinerait si on lui demandait une 296 GTB Allroad.

Sauf que pour Ferrari, le Purosangue n’est pas un SUV : il serait à part, il inaugurerait un nouveau genre automobile. Alors que si ça ressemble à un canard, que ça nage comme un canard et que ça cancane comme un canard… Pourtant, même si ça nous fait mal de l’admettre, ils n’ont pas tout à fait tort.

Comment ça ?

La prolifération des super-SUV a de quoi faire réfléchir sur ce qu’est devenue la notion de sport. Parce que la plupart d’entre eux se contentent de défier la physique à coups d’électronique et de puissance.

Or le Purosangue s’inscrit en faux. Il n’a que quatre places, même si le deuxième rang est aussi accueillant que le premier. Son V12 6,5 l de 725 ch, le seul V12 du segment avec celui du Rolls-Royce Cullinan et le premier V12 atmosphérique depuis celui du Lamborghini LM002, est logé si loin derrière l’essieu avant qu’on s’étonne de ne pas se brûler les genoux.

La boîte double embrayage à huit rapports est à l’arrière tandis qu’une prise de force relie les roues avant au V12 via un embrayage pour chacune, comme sur la GTC4Lusso. Oubliez le tout-chemin, c’est juste une propulsion avec des roues avant motrices au cas où.

Effectivement, ça sonne très Ferrari, tout ça. Quoi de neuf sur ce Purosangue, sinon ?

Ferrari a aussi tenté des choses à bord, que ce soit dans le dessin du mobilier ou la conception de l’interface. À l’avant, le mobilier est symétrique et accueille une interface inédite, sans écran central mais truffée de commandes tactiles à la noix. Enfin si, ça marche très bien, sauf s’il vous prend l’idée saugrenue de vouloir vous en servir en roulant. Les réactions des boutons à retour haptique sont aléatoires, on passe son temps à swiper et à quitter la route des yeux. À bord d’une voiture aussi performante par ailleurs, ce n’est vraiment pas glorieux (et d’autant plus dangereux).

Vous aurez noté les portes suicide à l’arrière, complètement indépendantes des portières avant et camouflées dans l’aile. On les actionne électriquement grâce à un bouton dans le montant central, ou en tenant la poignée escamotable. Grâce à cette architecture, on peut rentrer ou sortir sans renoncer à sa dignité et l’espace ne manque pas une fois à bord, même s’il ne faut pas avoir de trop grands pieds.

D’accord, le Purosangue a quatre portes et quatre places. Mais est-il vraiment pratique ?

Pratique, oui, mais sans se forcer. Par exemple avec un hayon, un coffre décent et des sièges arrière rabattables électriquement. Le volume n’est alors pas particulièrement spectaculaire, ni le plancher complètement plat, mais on peut y charger quelques caisses. Il y a même des accessoires optionnels pour transporter des skis ou des vélos (tout en carbone et hors de prix, il va sans dire). Bref, juste ce qu’il faut de sens pratique pour ne pas empiéter sur la ferraritude. En pratique, on est à mi-chemin entre une grosse GT et un SUV.

Même au volant ?

Surtout au volant. Du haut de ses 6,5 l et 725 ch, le V12 adore chanter, mais rien ne l’y oblige puisque 80 % des 716 Nm sont déjà disponibles juste au-dessus de 2 000 tr/min. Vous pouvez cruiser paisiblement sur le couple, ou vous saisir des palettes, basculer le moteur et la boîte dans un mode plus agressif et faire s’envoler tous les oiseaux dans les arbres sur votre passage. Oui, le Purosangue est sonore. Il est aussi véloce, direct et dégage une incroyable impression de légèreté. Sous réserve que la route ne soit pas trop étroite, c’est tout simplement… une Ferrari. Et c’est un sacré compliment.

Car en plus de profiter d’une parfaite répartition des masses grâce son architecture transaxle, le Purosangue peut compter sur une suspension prodigieusement intelligente, un système électro-hydraulique signé Multimatic. Grosso modo, sur chaque roue, un moteur électrique 48V module la compression et le rebond en temps réel. C’est si réactif et si polyvalent par rapport à une suspension conventionnelle que le Purosangue se passe des barres antiroulis actives devenues incontournables sur tous les super-SUV.

Est-ce que ça marche ? Oui. C’est même spectaculaire. En revanche, si les Ferrari – plus que toute autre voiture de sport – se conduisent avec les poignets, Le Purosangue, si doué soit-il, demande d’y mettre les avant-bras. Il faut le placer, alors qu’on n’a pas besoin d’y penser avec une 296 GTB tant c’est instinctif. Ce n’est pas pour autant un défaut. Si le Purosangue était trop léger, trop immédiat, il donnerait les mêmes sensations frelatées que les autres hyper-SUV, déconnectés de la route. Sans parler du mal de mer : l’oreille interne sait très bien quand l’électronique l’abreuve de fake news. Rien de tout ça ici.

Le Purosangue perd un peu de sa superbe sur mauvais revêtement à basse vitesse, ou dans les courbes vraiment serrées. Le reste du temps, il est tellement serein, confortable, tranquille… facile. La rétrovision est désastreuse, et le V12 n’a pas la ligne de basse d’un V8 à faible charge, mais c’est pour ça que le bon Dieu a inventé les caméras de recul et les clapets d’échappements actifs.

Quel est le verdict ?

Ferrari semble avoir encore beaucoup de mal à assumer son « petit » dernier, après avoir répété à l’envi qu’ils n’iraient jamais jouer sur ce terrain. En outre, le Purosangue est absolument hors de prix, même à l’échelle de ces hautes sphères. Avec quelques options et sans même parler du malus, on flirte allègrement avec les 450 000 €. C’est beaucoup, même pour un oligarque pas trop regardant.

Mais les choses ont évolué, aussi bien la technologie que le marché. Il n’y a que les imb… il n’y a pas de honte à être pragmatique. Le Purosangue est une proposition à laquelle les clients Ferrari n’avaient jamais eu droit : une Ferrari vraiment utilisable au quotidien. Une authentique Ferrari avec une dose de sens pratique, pas juste un SUV badgé Ferrari. Le Purosangue est impressionnant, et c’est assurément le plus convaincant des « SUV ». En fait, c’est probablement le seul à mériter ce nom.

En savoir plus à ce sujet :

Ferrari Purosangue

Année
2023
Prix mini
384229 €
Type de moteur
Thermique
Longueur
4973 mm
Largeur
2028 mm
Hauteur
1589 mm
Poids
2033 kg
Boîte de vitesses
double embrayage
Nombre de rapports
8
Transmission
intégrale
Puissance
725 ch
Couple
716 Nm
0 à 100 km/h
3.3 s.
Vitesse max
310 km/h
Conso
17.3 l/100km
Rejets
393 g/km CO2

V12

Type
Thermique
Nombre de cylindres
12
Cylindrée
6496 cm³
Alimentation
atmosphérique
Type carburant
essence
Puissance
725 ch
Couple
716 Nm