Porsche 911 Dakar

Vous ne le savez pas encore, mais vous avez toujours voulu batifoler dans les dunes en 911.

Jack Rix
Publié le : 3 février 2023

9 10

« La glisse n’a jamais été si facile. Plus vous y allez en force, mieux elle répond. C’est puéril, mais terriblement addictif. »

Les plus Jouissive en hors-piste, encore plus confortable sur la route
Les moins Le prix et la disponibilité

Qu’est-ce qu’on a là ?

Une version baroudeuse de la plus célèbre voiture de sport de l’histoire, baptisée d’après l’épreuve la plus emblématique du rallye-raid. L’idée d’une voiture de sport ou d’une supercar tout-terrain n’a rien de neuf, évidemment : de la Mega Track à l’Italdesign Parcour, il y a déjà eu quelques tentatives. Aucune n’a toutefois vraiment abouti en série. Au sein du groupe Volkswagen, Lamborghini vient lui aussi de donner le feu vert à son Huracán Sterrato.

Après, il y a aussi eu un certain nombre de 911 Safari restomods, et Porsche avait lui-même développé un proto de 991 Safari en 2012. Trop tôt pour le conseil d’administration, apparemment. Mais l’idée à infusé depuis.

Pourquoi maintenant ?

Bonne question. À notre avis, c’est qu’on est arrivé à un stade où les clients commencent à se lasser de la puissance ou même de l’appui aéro, parfaitement inexploitables dans la vraie vie. Ce qu’ils veulent, c’est de la polyvalence, du fun, et des histoires auxquelles se raccrocher. Et c’est exactement ce que la Porsche 911 Dakar propose.

Fut un temps où Porsche dominait le Paris-Dakar. La marque l’a remporté en 1984 avec la 953, puis en 1986 avec la 959. Et elle n’a jamais vraiment surfé sur cette épopée dans sa communication. Jusqu’à maintenant : à vous le Rally Design Package à 26 280 € et sa livrée en hommage à la 953 Rothmans victorieuse… sauf qu’un « Roughroads » plus convenable a remplacé le nom du cigarettier.

Il y a d’autres livrées, dont une façon Martini qui fait référence aux 911 de l’East African Safari Rally de 1978. 6 000 € quand même. Vous pouvez bien sûr vous contenter de peintures classiques. Pour nous, ce sera cet élégant vert Ombre métallisé, merci.

Elle est belle, quand même…

Oui, hein ? Beaucoup ont reproché à Porsche d’avoir été un peu trop frileux, de s’être contenté d’une espèce de 911 Allroad. Mais je vous assure que non. Avec ses extensions d’ailes, ses crochets de treuillage, ses gros pneus Pirelli Scorpion sur mesure, ses naseaux de GT3 sur le capot en carbone, sa suspension rehaussée de 50 mm par rapport à une 911 standard en suspension sport (sans parler de la surélévation de 30 mm supplémentaires pour les terrains vraiment difficiles, où la voiture est alors bridée à 170 km/h), la Porsche 911 Dakar est… subtilement spectaculaire.

Et c’est avant de passer au rayon accessoires, où vous pourrez dégoter une galerie de toit avec rampe de phares intégrée, et même une tente à monter dessus. Attention quand même, c’est très joli sur les photos dans le désert, mais ça risque de faire un peu too much devant une terrasse germanopratine.

Quelques chiffres ?

La base de la Dakar est la 911 Carrera 4 GTS, ce qui veut dire un flat 6 3,0 l biturbo de 480 ch, une boîte PDK 8 rapports et un 0 à 100 km/h en 3,4 s… sur une surface plate, lisse et sèche. Un mode spécial terre du launch control autorise 20 % de patinage en plus. Les roues arrière directrices sont de série, tout comme deux nouveaux modes de conduite : Rallye, qui envoie 80 % du couple sur les roues arrière, et Offroad, qui privilégie une distribution plus équilibrée pour une motricité optimale, tout en calant la Dakar sur sa garde au sol la plus élevée.

Si ce système de levage, les pneus mixtes et les roues arrière directrices ajoutent du poids par rapport à une GTS standard, la suppression de toute aérodynamique active, l’adoption du capot avant, des supports moteur et des baquets carbone de la GT3, l’ablation des sièges arrière, des surfaces vitrées allégées et une batterie lithium-ion spécifique lui permettent de contenir son poids à 1 605 kg, à peine 10 kg de plus qu’une Carrera 4 GTS. Car on ne parle pas d’un bricolage du vendredi après-midi dans un hangar, Porsche a mis des moyens pour justifier le prix : 226 689 € avant options, pour seulement 2 500 exemplaires.

Où l’avez-vous conduite ? Autour du périph ?

Pas exactement. Nous sommes au milieu du désert marocain, cernés par les dunes. D’immenses vagues de sable qui ne demandent qu’à vous engloutir, parsemées d’arbrisseaux qui n’ont l’air de rien mais qui sont durs comme du granit. Chapeau à Porsche d’avoir osé nous confier la voiture sur un tel terrain de jeu. En même temps, c’est le meilleur moyen de prouver que la Dakar n’usurpe pas son nom. Nous sommes à un endroit où il ne viendrait à personne d’emmener une 911.

Ça reste une Porsche, qui se fait un devoir de prendre soin de ce qu’il y a entre le siège et le volant. Avec tout ce que cela implique de ressenti, de performances et de polyvalence au quotidien. Nous n’avons pas été parachutés dans le désert, nous sommes venus par la route depuis l’aéroport au volant de la Dakar. J’avais peur qu’elle flotte et qu’elle vibre un peu mais, en dépit de ses ressorts assouplis de 50 %, elle conserve une vraie rigueur dans la maîtrise de ses mouvements de caisse, enrobée d’un moelleux inhabituel. La direction reste bavarde, les boudins ne sont pas plus bruyants que des pneus hiver, la note d’échappement semble un peu plus rauque. À moins que ce soit dans ma tête… Si vous considérez les 911 Carrera (les 911 non-GT, si vous préférez) comme confortables, alors celle-ci l’est encore plus.

Et sur le sable, ça donne quoi ?

C’est jubilatoire. Sélectionnez le mode Rally, coupez toutes les aides, rehaussez la suspension et tout devient permis. La glisse n’a jamais été si facile. Choisissez un point au hasard, restez plein gaz et elle s’occupe de tout. Passez un peu plus fort et elle drifte des quatre roues tout naturellement en laissant de grands panaches de poussière dans son sillage, tandis que le flat 6 tape la zone rouge en deux puis en trois. Vous voulez encore un peu plus d’angle ? Virez moins serré, donnez un bon coup de volant et vous pouvez la tenir en butée aussi longtemps qu’il vous plaira. On se croirait dans un jeu vidéo. C’est puéril, inutile, mais terriblement amusant et addictif.

Des bosses se jettent sous vos roues ? Aucun problème : abordez-les en travers si ça vous chante, laissez les roues rebondir, rien ne perturbe la Dakar. Vous pouvez la maltraiter autant que vous voulez. Elle ne se contente pas d’encaisser, elle ne demande que ça.

Elle n’aurait pas pu être un peu plus puissante ?

Si, mais à quoi bon ? Ici, le jeu, c’est de contrôler l’inertie, d’enchaîner les arabesques en changeant d’appuis aussi proprement que possible. Il faut avant tout avoir confiance en sa voiture et ça tombe bien, elle encourage activement à explorer de nouvelles figures. C’est du plaisir à l’état pur. Même pas besoin de se brider pour rester doux et précis : plus vous y allez en force, mieux la voiture répond. Le talent est un plus, pas un prérequis.

Et quand le terrain devient vraiment hostile ?

Le mode Offroad est votre ami pour surfer sur les dunes plutôt que de s’y tanker. Comment une 911, soit une voiture capable de donner naissance à une pistarde radicale et bardée d’appui comme la GT3 RS, peut arriver à faire ça ? L’étendue des capacités de la Dakar est incroyable. Elle est vraiment inarrêtable. Enfin, c’est ce qu’on croyait avant d’être rappelés à la réalité quand un pneu a décidé de se séparer de sa jante. Après, les gommes étaient dégonflées à 1,2 bar pour le grip, et on n’y est pas allés de main morte.

Certes, il y a des voitures bien plus robustes et encore plus à l’aise dans les dunes. On pense aux Land Cruiser chargés de récupérer les journalistes ensablés, au hasard. Mais des voitures plus fun dans cet environnement ? Ça m’étonnerait.

À quoi ressemble l’intérieur ?

À celui d’une GT3. Les baquets carbone étaient particulièrement bienvenus dans notre bac à sable : en plus d’être légers, ils permettent de faire corps avec la machine quand elle gigote en terrain meuble, et ils restent extrêmement confortables. Il n’y a pas de sièges arrière. Vous pouvez cocher un arceau optionnel. Pour le reste, c’est une 911, avec tout le bien qu’on en pense en matière d’ergonomie comme de qualité d’assemblage.

Mais elle a un défaut, cette voiture ?

Mis à part qu’elle coûte 70 000 € de plus qu’une Carrera 4 GTS (un détail…) et qu’il n’y en aura pas pour tout le monde, franchement, je cherche. La Porsche 911 Dakar est une voiture qui transforme les pires conditions en occasions de s’amuser. Sable, neige, terre, boue, rien ne lui fait peur. Quelque chose me dit que sur une piste détrempée, elle serait aussi dans son élément. Elle pousse à sortir littéralement des sentiers battus, et à en demander pour son argent. Et même si vous n’avez pas envie de prendre le risque d’abîmer ce collector dans son environnement naturel, il vous restera toujours une Porsche de hipster très agréable au vivre au quotidien. Finalement, la seule vraie question, c’est pourquoi Porsche a attendu aussi longtemps avant de passer à l’acte.

 

En savoir plus à ce sujet :

Porsche 911 Dakar

Année
2023
Prix mini
226689 €
Type de moteur
Thermique
Longueur
4530 mm
Largeur
1864 mm
Hauteur
1338 mm
Poids
1605 kg
Boîte de vitesses
Double embrayage
Nombre de rapports
8
Transmission
intégrale
Puissance
480 ch
Couple
570 Nm
0 à 100 km/h
3,4 s.
Vitesse max
240 km/h
Conso
11.3 l/100km
Rejets
256 g/km CO2

Moteur

Type
Thermique
Nombre de cylindres
6
Cylindrée
2981 cm³
Alimentation
biturbo
Type carburant
essence
Puissance
480 ch
Couple
570 Nm