L’Espace V avait bien adopté quelques gimmicks des SUV tout en simplifiant sa modularité, mais il n’y a plus aucune ambiguïté sur cet Espace VI. Le légendaire profil de TGV a cédé la place à une silhouette clairement bicorps et des surfaces vitrées encore réduites. Le nouveau venu aurait pu – dû ? – s’appeler Grand Austral sans que personne y trouve à redire : visuellement et techniquement, l’Espace VI est au remplaçant du Kadjar ce que le Peugeot 5008 est au 3008, c’est-à-dire une version longue (4,72 m, soit 21 cm de plus, dont 7 cm en empattement et 14 cm en porte-à-faux arrière), disponible en 5 ou 7 places (sans supplément). Il aurait aussi pu s’appeler Koleos mais entre les débats gonado-étymologiques de haut vol qui ont accablé ce grand SUV et le fait que vous aviez comme nous oublié son existence, on peut comprendre que le marketing Renault ait préféré recycler un nom plus emblématique.

Donc, si vous vouliez à tout prix un monospace, au revoir (et bonne chance !). Vous auriez toutefois tort de ne pas laisser sa chance au produit. Au premier rang, c’est un Austral. Il offre donc une présentation soignée et sans doute l’une des meilleures interfaces du marché grâce à un excellent OS Android, de très beaux écrans et des commandes physiques préservées. Au deuxième rang, les 7 cm supplémentaires en empattement et la banquette moelleuse (sans parler des délicieux coussins d’appuie-tête de cette finition Iconic) permettront à deux passagers de prendre leurs aises. Voire trois, qui regretteront alors les sièges indépendants et de même largeur de l’Espace V, ou d’un Peugeot 5008.

Au troisième rang… non, oubliez les deux strapontins de la version sept places. Ou réservez-les en dépannage à des enfants que vous n’aimez pas trop. D’autant qu’ils grèvent le coffre en configuration cinq places : 477 l lorsque la banquette coulissante est reculée en butée et 677 l quand elle est avancée, contre respectivement 581 l et 777 l sur un Espace dépourvu de cette troisième rangée de sièges. Il reste 159 l de coffre en 7 places, et le volume tous sièges rabattus atteint 1818 l sous pavillon. Rappelons qu’un Grand Espace IV, dans 4,85 m de long, offrait il y a dix ans 7 vraies belles places, encore 455 l de coffre dans cette configuration, et potentiellement plus de 3000 l quand on enlevait tous les sièges extractibles (de 25 kg chacun, certes). Le nouvel Espace ne démérite pas sur le marché actuel, mais ce n’est pas lui qui réconciliera Renault avec les familles nombreuses.

Sous le capot, on retrouve un unique attelage hybride non rechargeable de 200 ch déjà vu sur l’Austral : un 3 cylindres 1,2 l associé à un moteur électrique (lui aussi sur le train avant) et une boîte à crabots. Si l’on déplore quelques à-coups de cette dernière, l’ensemble est doux, silencieux et suffisamment vif pour mouvoir les 1587 kg minimum de l’Espace en toute sérénité. Il semble aussi plutôt sobre, l’ordinateur de bord indiquant 7,1 l/100 km de moyenne à l’issue d’un trajet varié de 90 km. Le confort est remarquable. Les roues arrière directrices, en série dès le 2e niveau de finition, profitent à l’agilité, peut-être au prix d’une direction guère informative (nous n’avons pas essayé sans). Le manque de maintien des sièges n’incite pas non plus à hausser le rythme.

Proposé à partir de 44 500 euros, bien équipé et dispensé de malus grâce à son hybridation, l’Espace VI devient incontournable chez les SUV 7 places. Reste qu’un vieux Peugeot 5008, plus vaste et plus modulable dans un gabarit inférieur, est désormais un meilleur monospace. Dommage.