Oyez, oyez, bonnes gens : en l’an de grâce 2024, un constructeur vient de lancer une citadine à moteur thermique et boîte mécanique, pesant moins de 1 tonne, pour moins de 20 000 €. Grâce soit rendue à Suzuki de perpétuer cette espèce en voie de disparition, il n’y a certainement pas qu’à la rédaction que cela va faire des heureux.

Sous des traits plus émaciés, cette quatrième génération de Swift reste techniquement très proche de sa devancière de 2017. Elle en reprend l’empattement et les voies, pour une empreinte au sol toujours à mi-chemin entre les minicitadines du segment A (ou ce qu’il en reste…) et les polyvalentes du segment B : 3,86 m de long (+ 1 cm) pour 1,74 m de large, à comparer aux 3,62 x 1,64 m d’une Twingo et aux 4,05 x 1,80 m d’une Clio. Deux adultes voyageront sans trop rechigner sur la banquette arrière, avec une place centrale de dépannage. Peu de minicitadines peuvent en dire autant, et on ne fait guère mieux sur le segment B. Le coffre cube toujours un raisonnable 265 l mais promet un seuil abaissé.

C’est encore un bloc de 1197 cm³ atmosphérique à hybridation légère qui anime la Swift… sauf qu’il n’affiche plus quatre mais trois cylindres. De quoi réduire les frottements et donc les consommations, tout en gagnant en couple à bas régime. Avec 110 Nm à 4500 tr/min, les mises en vitesse ne sont pas exactement foudroyantes mais l’on cravache ce pétillant trois-pattes avec d’autant moins d’arrière-pensées, en profitant d’une commande de boîte très correctement guidée. Le train avant précis, la direction bavarde, les sièges bien dessinés et l’inertie négligeable des 949 kg (tout équipée !) achèvent de rendre la conduite de la Swift particulièrement ludique, autant de joies simples qui remettent les sens en place entre deux essais de SUV électrifiés. Le tout en dépassant à peine les 5 l/100 km sans aucune velléité d’écoconduite, sur un road-book certes peu exigeant dans la campagne du Pas-de-Calais.

Avant qu’on nous reproche de nous laisser attendrir par ce caractère à l’ancienne, non, cette petite auto n’est pas parfaite. Sur la route, elle a les défauts de ses qualités : dynamique et communicative, elle pâtit d’une suspension très sèche et d’une insonorisation légère, pour une expérience bien moins ouatée par exemple qu’au volant d’une Clio ou d’une 208. On regrettera aussi l’absence d’un sixième rapport sur les grands axes, qui eût profité aux reprises, à la consommation et au niveau sonore.

La présentation intérieure reste désuète malgré la migration vers le haut de la tablette centrale (9 pouces en série), à hauteur de regard. Cette dernière donne accès à un système infodivertissement lui aussi très daté. Les plastiques sont désespérément durs mais égayés par des inserts beiges et globalement bien assemblés. On apprécie la vraie platine de clim, beaucoup moins la fastidieuse mais indispensable manipulation pour déconnecter l’alerte de survitesse à chaque démarrage via la minuscule dalle 4,2 pouces de l’ordinateur de bord entre les compteurs analogiques, en naviguant du bout des doigts avec une minuscule tige-molette. Uniquement à l’arrêt, sinon ce n’est pas drôle.

Rien toutefois d’inexcusable à 18 990 € en entrée de gamme avec un équipement aussi généreux (accès et démarrage sans clé, gestion automatique des feux de route, grand écran tactile, GPS…). Une Dacia Sandero ou une Citroën C3, plus encombrantes, offrent sans doute davantage de polyvalence pour moins cher, mais elles peinent à rivaliser en sobriété, en agrément, et en charme. Comme sa devancière, la Swift reste par ailleurs disponible avec une boîte CVT ou une transmission intégrale. Plus qu’à croiser les doigts pour le retour de la Sport…