Comme souvent, Haas a tiré le premier avec une monoplace 2023 dont la livrée fait la part belle au noir. Une tendance lourde cette année, c’est le cas de le dire, pour réduire la surface de peinture et donc le poids. Depuis, un bref roulage de la véritable VF-23 a révélé des pontons creusés et bardés d’ouïes façon Ferrari. À son volant, Nico Hülkenberg remplacera Mick Schumacher au côté de Kevin Magnussen (et de ses b*lls).

L’équipe championne du monde n’a pas fait semblant, ce n’est officiellement que les couleurs de la future RB19 qu’on découvre pour l’instant, et certainement pas ses formes. De toute façon, c’est comme chaque année chez Red Bull en ce qui concerne la livrée : circulez, il n’y a rien à voir (sauf éventuellement un ou deux « one-shot » au cours de la saison). Cette monoplace 2023 aura la lourde tâche de succéder à une RB18 étincelante, qui aura permis à l’écurie autrichienne de décrocher les deux titres sans forcer avec Max Verstappen et Sergio Perez : 17 victoires en 22 courses, dont 15 pour le Néerlandais. Red Bull a aussi annoncé un partenariat stratégique avec Ford qui prendra effet lors du prochain changement de réglementation en 2026.

Au fin fond du peloton depuis 2018, Williams a toutefois réduit l’écart ces deux dernières saisons, même si la combativité de George Russell puis Alexander Albon n’y est certainement pas pour rien (sans oublier les deux fructueuses piges de Nyck De Vries). Pour poursuivre sur cette dynamique, l’écurie britannique pourra compter sur James Vowles, fraîchement débauché de chez le partenaire Mercedes pour reprendre les rênes après le départ de Jost Capito.

La nouvelle FW45 ne semble pas différer radicalement de sa devancière. Le bleu de sa livrée est désormais mat, et vous aurez noté la boîte à air déguisée en pile pour faire honneur au sponsor Duracell. Au volant, Alexander Albon sera désormais flanqué du rookie américain Logan Sargeant, Nicolas Latifi ayant souffert une fois de trop de la comparaison avec son coéquipier.

Celle-là pourrait bien disputer à Ferrari le titre de… la plus belle voiture rouge. La C43 sera la dernière Alfa de Formule 1 puisque l’écurie Sauber, dont la marque italienne est le sponsor-titre, amorcera ensuite sa transition vers l’ère Audi. Celle-ci commencera officiellement en 2026 avec le prochain changement de réglementation.

C’est peut-être pour marquer le coup que les designers se sont lâchés avec cette livrée en rouge et noir. Si l’on retrouvera les solides Valtteri Bottas et Zhou Guanyu au volant, c’est désormais Andreas Seidl, tout juste arrivé de McLaren, qui dirige l’écurie après que Fred Vasseur a été appelé pour remettre de l’ordre chez Ferrari.

L’écurie-sœur de Red Bull a dévoilé sa nouvelle livrée (et seulement sa livrée) lors de la Fashion Week de New York. Il est vrai que c’est pour lui donner le nom de sa marque de vêtement que l’empire Red Bull a rebaptisé Toro Rosso… On reste dans le même esprit que l’an dernier, mais regardez mieux : le bleu marine et le blanc sont plus ou moins inversés. Vous aurez évidemment noté les accents rouges du nouveau sponsor Orlen, piqué à Alfa Romeo.

Côté pilotes, le départ de Pierre Gasly chez Alpine fait de Yuki Tsunoda, 22 ans et deux saisons à son actif, le vétéran de l’écurie. Il risque toutefois d’avoir fort à faire face à Nyck De Vries, qui a marqué des points lors des deux courses qu’il a disputées l’an dernier en tant que doublure d’Albon au volant d’une modeste Williams. Williams qui est d’ailleurs la seule écurie à avoir terminé derrière Alpha Tauri au championnat l’an dernier. Il va falloir songer à rebondir…

Là aussi, la livrée orange aux accents bleus s’est fait manger par du noir carbone, égayé par les flasques de jante aux couleurs de Google. Cette MCL60 s’appelle ainsi pour célébrer le soixantième anniversaire de la fondation de l’écurie en 1963.

Lando Norris a été le meilleur des autres en 2022 pour sa troisième saison dans la discipline-reine, non sans avoir laminé le pauvre Daniel Ricciardo. Il fera équipe en 2023 avec le débutant australien Oscar Piastri, annoncé comme un petit prodige après son parcours impressionnant en formules de promotion. On espère que ce dernier ne regrettera pas d’avoir snobé Alpine.

C’est pour elle que Fernando Alonso a quitté Alpine, avec sa discrétion habituelle. Une curieuse décision vu les performances respectives des deux monoplaces l’an passé, mais cela ne nous regarde pas. L’Espagnol remplace un autre champion du monde, Sebastian Vettel, parti à la retraite. À 41 ans, il est au sommet de sa niaque et l’on ne donne pas cher de la peau de son équipier Lance Stroll, fils du patron ou non.

L’AMR23 reprend presque à l’identique la livrée de sa devancière, sur des pontons cette fois largement creusés. Ferrari a peut-être échoué à remporter le moindre titre en 2022, mais sa monoplace aura décidément fait des émules.

Hormis un peu plus de noir, la SF-23 ressemble beaucoup à la F1-75 de l’an passé. Il faut dire que cette dernière était peut-être la voiture la plus rapide du plateau, même si son manque de fiabilité et les errements stratégiques de l’écurie ont empêché Charles Leclerc et Carlos Sainz de menacer les Red Bull. Le Monégasque a sauvé l’honneur en décrochant de justesse le titre honorifique de vice-champion devant Perez.

Mattia Binotto n’ayant pu sauver sa tête après ce naufrage, son remplaçant Frédéric Vasseur tâchera de poursuivre la reconstruction de l’écurie, dont les derniers titres remontent à 2007 (pilotes, avec Räikkönen) et 2008 (constructeurs). C’est-à-dire il y a quinze ans, pardon pour le coup de vieux.

Tiens, la Mercedes est re-noire. En 2020 et 2021, c’était pour afficher le soutien de l’écurie au mouvement Black Lives Matter. Cette fois, Toto Wolff invoque tout simplement les difficultés à atteindre le poids minimum, comme tout le monde. Après tout, la légende des « Flèches d’Argent » était née en 1934 lorsque Mercedes avait poncé la peinture blanche de ses voitures pour la même raison…

Il faudra attendre de voir la voiture qui roulera à Bahreïn le 5 mars pour en être sûr, mais Mercedes ne semble pas avoir renoncé à son concept « zéro ponton ». Affecté par de gros problèmes de marsouinage en début de saison, l’écurie avait fini la saison en trombe, sur les talons de Ferrari. Mais troisième d’un championnat qu’on a archidominé les huit années précédentes, c’est un échec… Avec un Lewis Hamilton et un George Russel morts de faim, Mercedes fera donc tout pour revenir au sommet en 2023.

Alpine était le meilleur des autres en 2023, il vise de nouveau la quatrième place cette année, mais « de façon beaucoup plus convaincante », admet le directeur de l’écurie Otmar Szafnauer. L’A523 se veut donc une « évolution » de sa devancière, mais avec un « développement radical » cet hiver. La livrée mêle toujours le bleu France et le rose du sponsor BWT, qui sera même majoritaire lors des trois premières courses de la saison.

Côté pilotes, Alpine nous avait offert un des feuilletons les plus croustillants de la saison 2022 quand Alonso avait claqué la porte durant l’été puis que l’écurie s’était fait envoyer paître publiquement par son pilote de réserve Oscar Piastri, qui avait placé ses billes chez McLaren entre-temps. Finalement, Ocon a été rejoint par son grand ami Pierre Gasly. Ils formeront le premier duo français dans une écurie française depuis plus de trente ans (Arnoux et Grouillard chez Ligier en 1989). Allons z’enfants !