Huit leçons de la soirée de lancement de la F1 2025
Le gratin de la F1 s'est réuni le 18 février à l'O2 Arena de Londres pour lancer la saison en grande pompe. Voici ce qu'on peut retenir de cette soirée.
L’idée de cet événement était de dévoiler les nouvelles livrées, à défaut des monoplaces définitives. Sauf que la moitié de la grille a manifestement fait un copier-coller du fichier « Voiture_2024.dwg » en se contentant de bouger un sponsor par-ci, un numéro de pilote par-là, et basta.
On aura tout de même remarqué que la Sauber est (encore) plus verte (aïe les yeux), la Williams plus bleue, la Haas un peu plus blanche. L’Alpine est plus rose mais le simple fait qu’elle ait une livrée à ce stade de la présaison est déjà un progrès par rapport à l’année dernière.
Les couleurs les plus remarquables sont de loin celles des RB, qui rappellent certaines livrées spéciales de l’écurie-soeur Red Bull.

Ou pas. Mais en y réfléchissant…
En tout cas, Aston a surfé sur son histoire avec 007 avec un copieux clip où l’on a pu voir Alonso et Stroll casqués (les agents 0014 et 0018), en train de foncer vers l’O2 Arena via la Tamise aux commandes de hors-bord façon Le Monde ne suffit pas, avec des méchants et des missiles aux trousses. Sûrement une histoire de dépassement des limites du circuit.
Fond noir, et Alonso et Stroll enlèvent leur casque dans le public. Peut-être pas tout à fait aussi iconique que l’arrivée de la Reine avec Daniel Craig à la cérémonie d’ouverture des JO de Londres en 2012, mais l’effort est méritoire.

Intéressant exercice d’autodérision chez le junior team de Red Bull, qui a envoyé le comédien Munya Chawawa en (faux) micro-trottoir pour demander à des gens de prononcer le nom complet de l’écurie, avec plus ou moins de succès. Et quelques vannes bien senties adressées à Ferrari et à McLaren.
Faisons le point une fois pour toutes : l’ex-écurie Minardi/Toro Rosso/Alpha Tauri s’appelle désormais officiellement « Visa Cash App Racing Bulls ». Ou VCARB pour les intimes. Mais comme l’année dernière, quelque chose nous dit que personne n’utilisera ni l’un, ni l’autre.
Merci Racing Bulls pour ce lancement, sûrement le plus beau de la soirée.

Le moment le plus fraternel de la soirée a certainement celui où la FIA a été huée à l’unisson par une foule de 15 000 personnes après les polémiques de ces dernières semaines sur les sanctions financières grotesques infligées aux pilotes au moindre mot légèrement fleuri dans le feu de l’action.
20 minutes plus tard, ça a empiré quand Gordon Ramsey, superstar de la cuisine, désormais fournisseur officiel de la F1 et lui-même grand amateur de mots doux, a été interrogé sur le sujet. « Je pense que c’est une façon de parler naturelle, a-t-il répondu. Le fait que ces athlètes se poussent dans leurs retranchements, donc parfois si [un juron] sort… laissez les être eux-mêmes. Passez à autre chose ! »
« Ils roulent à plus de 300 km/h, donc si ça m*rde… » Un dixième de seconde plus tard, le micro de Ramsey était coupé. L’ingénieur du son en coulisse avait manifestement des réflexes de Max Verstappen.

On s’y attendait, mais ça n’a pas toujours été facile pour autant. Ce qui est certain, c’est qu’on a pu voir quelles équipes avaient compris l’idée de cet événement, et lesquelles… étaient passées complètement à côté.
Les premières ont joué avec le public : musique épique, humour bon enfant, jeux de lumière. Et surtout, elles ont fait déguerpir les pilotes dès que possible pour laisser la place à la voiture. Car objectivement, tout le monde se fiche d’un laïus prémâché de 3 minutes sur les « ambitions » pour la saison alors qu’aucune monoplace n’a encore roulé.
Les équipes qui ont raté le coche sont celles qui n’ont pas su empêcher le PDG du sponsor-titre de venir s’incruster à l’image et dire quelques mots, endormant immédiatement la salle.
Une pensée toute particulière pour le directeur d’Alpine Oliver Oakes qui, interrogé sur les objectifs de l’écurie après sa sixième place inespérée en 2024, a répondu : »Eh bien, je suppose que nous devons tout simplement faire mieux, n’est-ce pas ? » On a entendu les mouches voler dans la salle. Et on a compati.

Cétait à Londres, donc la majorité des spectacteurs était britannique. Outre Lando Lorris, George Russell, Oliver Bearman et bien sûr Lewis Hamilton (on va y revenir), cela n’a pas empêché la foule d’applaudir comme il se doit Fernando Alonso, Oscar Piastri, Carlos Sainz, Charles Leclerc et bien d’autres.
Max Verstappen a eu droit à quelques huées, immédiatement couvertes par les acclamations. On parle quand même du quadruple champion du monde en titre.
Mais l’accueil le plus glacial a clairement été celui réservé au patron de Red Bull Christian Horner, qui avait la tâche peu enviable de présenter la RB21 tandis que 15 000 personnes essayaient de le faire taire.
Horner est devenu l’ennemi public n°1 auprès des innombrables fans de Hamilton outre-Manche après le final « polémique » de la saison 2021. Et sa mise en cause en 2024 dans une affaire interne n’a pas aidé à redorer son image.

Pour meubler entre les lancements Aston et Mercedes (et accessoirement hyper les foules en vue d’un blockbuster estival), on a eu droit à un bref making-of du futur film officiel de la F1 avec Brad Pitt, réalisé par Joseph Kosinski (Top Gun).
« C’est toujours mieux d’en faire trop que pas assez. Et Dieu sait qu’on en a fait trop ! », peut-on y entendre le réalisateur déclarer devant l’épave d’une des F1 de l’écurie fictive du film, Apex. Bien vu.

C’était sans doute le clou de la soirée pour une bonne partie de l’assistance : le premier engagement public en rouge de Lewis Hamilton. La foule était en délire lorsque le désormais jeune quadragénaire est entré sur la scène avec son nouveau coéquipier Charles Leclerc et le patron de la Scuderia Fred Vasseur.
Hamilton a déclaré se sentir « revigoré » après ce transfert. « Je me sens tellement vivant, tellement plein d’énergie parce que tout est nouveau. Je suis très fier de faire partie de l’équipe, c’est quelque chose de nouveau et de passionnant pour moi. »
Il va y avoir des casquettes étoilées dans les poubelles outre-Manche. Et les tribunes de Silverstone s’annoncent écarlates comme jamais.

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