Arriverderci V12 atmo, buongiorno V6 biturbo... et un trio de moteurs électriques. L'héritière de la LaFerrari est un monstre de 1 200 ch, fort de 4 roues motrices et d'une débauche d'appui aéro.
288 GTO, F40, F50, Enzo, LaFerrari… et maintenant F80. Oui, cette fois, Ferrari n’a pas utilisé son générateur de noms aléatoires et est revenu à quelque chose de plus carré. C’est une référence au 80e anniversaire que la marque fêtera en 2027, lorsqu’ils auront commencé à livrer ces hypercars à 3,6 millions d’euros pièce à leurs 799 heureux propriétaires.
La F80 n’est plus animée par un gros V12 respirant librement comme la LaFerrari, l’Enzo ou la F50. Hélas. Cette fois, c’est un V6 biturbo. Pas n’importe lequel, tout de même : un bloc 3 l ouvert à 120° et issu de celui qui propulsait la 499P lors de ses deux victoires consécutives aux 24 Heures du Mans, lui-même parent de celui de la 296 GTB. Et puis, un V6 turbocompressé, cela fait aussi le lien avec la F1 actuelle. Plus compact et plus léger qu’un V12, gavé par deux turbines électriques, il développe 900 ch à lui seul, soit 237 ch de plus que celui de la 296 GTB au rendement déjà faramineux. Ce petit V6, qui rupte à 9200 tr/min, devient donc le moteur Ferrari à la puissance spécifique la plus élevée à ce jour (300 ch/l !). Il est couplé à une boîte double embrayage à huit rapports.
Avec ses trois moteurs électriques, la Ferrari F80 développe un total de 1 200 ch, ce qui en fait évidemment la Ferrari routière la plus puissante de tous les temps. Deux de ces moteurs trouvent place sur l’essieu avant, ce qui lui permet de profiter de quatre roues motrices, à l’instar d’une SF90 et contrairement à la LaFerrari ou… à la McLaren W1, son ennemie jurée, qui devra faire passer 1 275 ch au sol via ses seuls pneus arrière. Le troisième moteur électrique se loge sous le V6 et peut soit régénérer 70 kW vers la batterie, soit fournir 109 ch supplémentaires.
Ladite batterie est une petite unité de 2,3 kWh à 800 V, placée derrière les sièges et inspirée de la F1 pour des cycles de charge/décharge instantanés. Il n’y a donc pas de mode 100 % électrique ici. Il faut dire qu’il y a encore neuf autres petits électromoteurs à alimenter en permanence : un sur chaque turbo, un à chaque coin pour la suspension pilotée, quatre pour modifier l’angle de l’aileron arrière en temps réel.
Les performances sont… correctes : 0 à 100 km/h en 2,15 s, 0 à 200 km/h en 5,75 s, pour 350 km/h en pointe. C’est mieux en accélération que la McLaren W1 – encore heureux avec deux roues motrices en plus –, même si la britannique refait une partie de son retard à 200 km/h. À Fiorano, la F80 s’adjuge logiquement le record du tour en 1 min 15,3 s, deux secondes de mieux qu’une SF90XX Stradale et 4,4 s devant la vénérable LaFerrari.
La F80 sera assurément un outil des plus redoutables sur circuit, mais Ferrari tient à rappeler qu’elle n’est pas juste une pistarde avec des plaques. « Notre philosophie est que même les voitures les plus extrêmes et les plus exclusives ne doivent pas seulement être conduites sur la piste, et ne doivent pas être laissées au garage », explique Enrico Galliera, directeur du Marketing. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd… Vivement le road trip en F80 !
Le son ? Ça ne prendra pas aux tripes comme un V12, forcément. Mais Gianmaria Fulgenzi, responsable du développement produit, se veut rassurant : « Vous aurez peut-être du mal à me croire, puisqu’il s’agit d’un V6 et non d’un V12, mais faites-moi confiance, la légendaire bande-son Ferrari est toujours là. »
Quant à la ligne, vous êtes sûrement encore en train de faire défiler les photos pour décider si vous aimez ou pas ce brutalisme dicté par l’aérodynamique, ce museau et ce toit noirs comme sur la 12Cilindri, ces hanches de Groupe C ou cet énorme aileron arrière actif. La F80 ne fait pas partie des voitures pour lesquelles on a le coup de foudre au premier regard, mais ses formes prennent tout leur sens quand on comprend toutes les forces en jeu sur le nouveau champ de bataille des hypercars, l’appui aérodynamique.
Avec son fond plat, son flap escamotable sous la lame avant, son diffuseur arrière et son aileron pouvant se déployer sur 20 cm mais aussi pivoter pour agir comme DRS ou aérofrein, la F80 génère jusqu’à 1 050 kg d’appui à 250 km/h, dont 460 à l’avant et 590 à l’arrière. La suspension active signée Multimatic est là pour stabiliser les mouvements de caisse afin que le soubassement puisse faire son travail. Les jantes de 20 pouces à l’avant et 21 pouces à l’arrière sont les premières cinq branches en carbone sur une Ferrari. Elles chaussent des Michelin Pilot Sport Cup ou Pilot Sport Cup2 R.
La baignoire structurelle en carbone est asymétrique : le siège passager, fixé à même la coque, est légèrement décalé vers l’arrière pour diminuer la largeur de l’habitacle de 5 cm au profit de l’aérodynamique comme de la position de conduite (« enfin correcte », se serait exclamé Charles Leclerc lors de ses premiers tours de roues à Fiorano). Ferrari parle d’ailleurs d’une architecture 1+1. Le patron est au volant.
Les vis apparentes sur la console centrale donnent un côté rustique au cockpit. L’ergonomie apparaît étonnament simple, avec un retour émouvant des boutons physiques autour d’un volant aplati mais conventionnel. À droite, le manettino permet de choisir entre Wet, Sport, Race, Traction Control Off et ESC Off. À gauche, une autre molette donne accès aux trois modes de propulsion : Hybrid, calibré pour la route, Performance, pour plus de jus sur la route ou pour conduire sur circuit (avec une jauge de batterie ne descendant jamais sous les 70 %) et Qualify, qui déchaîne la totalité de la cavalerie sans états d’âme. Sur circuit, la voiture est capable d’apprendre le tracé pour fournir automatiquement plus de puissance là où il y en a besoin.
La monocoque est annoncée 5 % plus légère que celle de la LaFerrari, mais 50 % plus rigide. La F80 pèse 1 525 kg à sec. C’est 125 kg de plus que la McLaren W1 et ses deux roues motrices, et 175 kg de plus qu’une LaFerrrari, propulsion animée par un V12 de 6,6 l. Il faut dire que la F80 est sensiblement plus imposante avec ses 4,84 m de long pour 2,07 m de large (et 1,14 m de haut).
Si vous lisez tout ceci après avoir consciencieusement acheté une Roma, un Purosangue et tout ce que la gamme Ferrari compte de modèles « standard » dans l’espoir d’être sur la shortlist mais que ce n’est pas le cas, condoléances. Une prochaine fois peut-être ! Consolez-vous avec tous les millions que vous avez économisés. Et n’oubliez pas le marché de l’occasion une fois que le match avec la McLaren W1 aura eu lieu.
Qui sait, si Porsche se résout finalement à mettre un moteur thermique dans sa Mission X, on pourrait même assister au deuxième épisode de la Sainte Trinité des hypercars.
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