Le Ferrari Purosangue est une familiale V12 de 725 ch qui ne VEUT PAS être un SUV
Quatre places, des portes suicide et des amortisseurs électriques, le tout pour – kof kof – 390 000 € : veuillez accueillir le Ferrari Purosangue.
Pendant une décennie, Ferrari n’a pas manqué pas de rappeler qu’il ne construirait jamais de SUV. Alors qu’est-ce donc que ce Purosangue ? Selon Ferrari, ce n’est ni un SUV, ni un crossover : c’est une voiture de sport. La première à quatre portes et quatre places à Maranello, culminant à 1,59 m de haut (comme une Hyundai Ioniq 5). Un Range Rover la toisera donc d’une bonne tête.
Pendant que vous vous attardez sur le look du non-SUV de Ferrari, permettez-nous de nous attarder un peu sur la fiche technique pour tenter de mieux cerner le Purosangue. Déjà, il est surpuissant, mais à l’ancienne, avec un V12 6.5 atmosphérique en position centrale avant. Fort de 725 ch et 716 Nm, il rupte à 8 250 tr/min.
Comme sur la GTC4lusso, le break de chasse quatre places que le Purosangue remplace de facto dans la gamme, ce moteur titanesque entraîne les roues avant via une boîte de transfert et les roues arrière via une boîte double embrayage à huit rapports (contre sept sur la GTC4), montée en transaxle devant l’essieu arrière. Selon Ferrari, l’ensemble passe de 0 à 100 km/h en 3,3 s et de 0 à 200 km/h en 10,6 s, pour atteindre les 310 km/h. Des performances tout à fait comparables à celle de la GTC4.
Le comportement ne devrait pas être en reste. Posé sur des roues de 22 pouces à l’avant et 23 à l’arrière, le Purosangue pourra compter sur des roues arrière directrices et une direction très directe comme on les aime à Maranello. On peut donc s’attendre à une agilité hors norme pour une machine annonçant 2 033 kg sur la balance (contre 1 790 pour une GTC4lusso). À sec, et en ayant coché toutes les options à base de carbone… Ajoutez les fluides (le réservoir d’essence avale 100 l à lui seul) et un conducteur, et le Purosangue flirtera avec les 2,2 t.
Pour compenser, Ferrari a développé une nouvelle suspension avec le constructeur de voitures de course Multimatic : chaque amortisseur hydraulique est associé à un moteur électrique qui le durcit instantanément en courbe pour mieux contrer le roulis. Ça va donc passer très fort.
Le Purosangue étant beaucoup plus bas que les SUV habituels, avec un parfait équilibre des masses, une électronique potentiellement joueuse et un système ABS « evo » (appliqué à des freins by-wire) emprunté à la 296 GTB, son comportement risque de confiner au surnaturel. Accrochez-vous, la famille, là-derrière.
Ferrari ne s’est pas contenté de recycler la plate-forme de la Roma ou de la 812. La structure du Purosangue est entièrement inédite, et bien plus rigide que celle de la GTC4. Un toit en carbone de série abaisse le centre de gravité, mais vous pouvez le gâcher si vous y tenez en optant pour un toit en verre XXL. Vous pouvez aussi habiller de carbone les élargisseurs d’ailes, percés d’ouïes pour réduire la traînée. Ferrari ne revendique aucun chiffre d’appui pour le Purosangue et se montre inhabituellement discret sur le chrono à Fiorano (même s’ils ont confirmé qu’il y en avait bien un dans les tablettes). En revanche, pour parler des portes arrière à ouverture antagoniste et électrique, il y a du monde. Très Rolls-Royce.
À bord, seules quatre personnes pourront prendre place. Il n y’aura pas de banquette trois places optionnelles, donc si vous avez trois enfants, il faudra laisser celui que vous aimez le moins à la maison.
Les passagers arrière ont eux aussi droit à des baquets réglables électriquement et à leur propre platine de clim. Devant, le cockpit évoque celui d’une 296 ou SF90, mais le passager peut s’occuper via un écran 10,2 pouces devant lui. On trouve aussi un chargeur à induction, des ports USB, des rangements. Mais pas de GPS embarqué : pour la première fois, Ferrari va inclure CarPlay et Android Auto en série (trop aimable), ce qui rend redondant un système de navigation dédié, estime la marque.
Ferrari n’évoque aucun projet de Purosangue hybride. Les passagers sont assis bas et l’on a du mal à voir où loger une batterie rechargeable dans le plancher, surtout avec la boîte transaxle. Ce sera V12 ou rien… mais l’on se rappelle que la GTC4lusso avait été déclinée par la suite en une « petite » version T animée par un V8 biturbo. Il y a tout de même quelques gages d’écorespectabilité : un ciel de toit en textile synthétique, des tapis de sol en filets de pêche recyclés. Quelque chose nous dit que Greenpeace ne va pas tomber dans le panneau.
D’habitude, Ferrari ne s’épanche pas sur des choses comme une hi-fi Burmester ou des sièges massants à dix coussins gonflables. Mais le Purosangue n’est pas une Ferrari habituelle. Avec un coffre de 473 l (moins qu’un Peugeot 3008) et seulement quatre places, ce monstre de 4,97 m de long et 2,03 m de large n’est pas particulièrement accueillant. Ferrari ne fait pas la moindre allusion à des capacités hors-piste, mais il suffit de regarder la garde au sol… Alors le Purosangue est-il un SUV ? Est-ce une voiture familiale ? Ou une nouvelle race de supercar, offrant à peu de chose près les perfs d’une Enzo mais avec de la place pour en faire profiter les copains ?
Avec des tarifs commençant à 390 000 € en Italie, ce n’est même pas un concurrent pour les Lamborghini Urus, Aston Martin DBX ou Bentley Bentayga, qui coûtent tous environ deux fois moins cher. Ferrari promet par ailleurs de limiter les ventes du Purosangue à 20 % du volume total de la marque, mais on verra s’ils résisteront longtemps en voyant les bons de commande s’arracher… Rappelons par exemple que l’Urus a accaparé 60 % des ventes Lamborghini en 2011, et le Bentayga 40 % des ventes Bentley.
Vous avez eu le temps de faire le tour de la bête depuis tout à l’heure. Le mufle agressif, les hanches bodybuildées. Cette planche de bord vertigineuse. La démesure d’un SUV – ou pas, donc –, animée par un V12 atmosphérique assourdissant. Quelqu’un sait-il quoi en penser ?
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