Idée reçue : Maximiser le freinage régénératif optimise l’efficience

Si on schématise, freiner dans une voiture thermique en mouvement revient à transformer son énergie cinétique – son élan si vous préférez – en chaleur, en frottant les plaquettes contre les disques. Une énergie cinétique préalablement accumulée en accélérant, donc en brûlant du carburant. Forcément, vu comme ça, on ne peut pas dire que l’opération soit une franche réussite sur le plan de l’efficience pure. En revanche, dans une voiture électrique, quand vous levez le pied le moteur passe en mode générateur. Il ralentit alors la voiture tout en transformant l’énergie cinétique en électricité récupérée par la batterie. Vu comme ça, pas étonnant que la majorité des gens pensent que le plus efficace est de régler le freinage régénératif en position maximale.

En fait, non. Dans une voiture électrique – et plus généralement dans le cadre de ce qu’on appelle l’écoconduite – le maître-mot est l’anticipation. Et pas que pour l’écoconduite, d’ailleurs… Pour tout vous dire, je me souviens que mon prof d’auto-école me répétais inlassablement « conduire, c’est anticiper ». Mais à l’époque, rien à voir avec les voitures électriques. C’est juste qu’en effet, pour bien conduire, il faut bien lire la route et être prêt à toutes les surprises, donc anticiper. Mais avec les voitures à piles, le but est tout autre.

Il est encore et toujours question de la sacro-sainte efficience. Car même avec le freinage régénératif, vous dépensez beaucoup plus d’énergie à accélérer que ce que vous récupérez en freinant. Donc à l’approche d’un feu ou de tout autre obstacle, mieux vaut lâcher l’accélérateur plus tôt et se laisser « glisser » en roue libre. Vous aurez alors dépensé moins d’énergie cinétique qu’en accélérant plus longtemps avant de freiner plus fort. D’autant plus que le freinage régénératif n’est valable que dans certaines limites. Si vous freinez doucement, vous laissez effectivement vos freins conventionnels au repos. Toute l’énergie du freinage est alors récupérée par le système. Mais si vous freinez plus fort, les freins entrent en piste et… on crame des calories au lieu de les stocker. Si vous avez un doute, servez-vous du diagramme proposé par votre voiture pour rester dans la zone de régénération. Il n’est pas là que pour amuser les gosses…

Enfin, sachez qu’une traction offre une plus grande puissance de régénération qu’une propulsion. Les lois de la physique… Comme en phase de freinage le moteur se transforme en générateur, sur une traction le freinage régénératif n’agit qu’à l’avant et sur une propulsion… qu’à l’arrière. Une propulsion ne peut donc pas offrir trop de puissance de freinage régénératif pour ne pas risquer de déstabiliser la voiture – un peu comme si vous ne freiniez qu’avec le frein arrière de votre vélo. Et donc, vous l’aurez déduit tout seul, les transmissions intégrales sont celles qui régénèrent le mieux.