Ceci est une Jaguar C-X75, et elle roule. Sur la route. Au début de l’année, Ian Callum avait déjà sorti des limbes un exemplaire de cette hypercar mort-née qu’il avait dessinée pour le Mondial de l’Auto 2010, et qui aurait dû être la rivale des Ferrari LaFerrari, McLaren P1 et Porsche 918. Voici le second, et il est encore plus beau.
Tout simplement parce qu’il s’agit cette fois d’une vraie voiture, avec une carrosserie mieux finie et un vrai intérieur, alors que la précédente était juste une voiture de cascades de Spectre (le James Bond de 2015) avec des plaques d’immatriculation.
Comme sur cette dernière, on retrouve le vénérable V8 5 l Jaguar à compresseur. Rappelons que la C-X75 devait être produite avec un 4 cylindres 1,6 l hybride (signé Williams et Cosworth, s’il vous plaît) développant 838 ch et 1000 Nm, sans parler de la fantasmagorique motorisation hybride à turbines du concept inital. On ne saura jamais vraiment ce qu’on a raté mais le râle familier du V8 devrait vite couper court à toute question existentielle, d’autant qu’il est ici associé à une boîte double embrayage à sept rapports.
Cette nouvelle voiture a même droit à des modes de conduite. Les ingénieurs logiciels de Callum Automotive ont programmé une configuration routière censée procurer « un équilibre neutre et prévisible dans les virages serrés, et une parfaite stabilité là où les hautes vitesses sont légalement autorisées ». Ach, perfekt. Il y a aussi un mode plus dynamique qui affûte la réponse de l’accélérateur et enrichit la note d’échappement.
Cette nouvelle C-X 75 profite par ailleurs d’une aérodynamique active fonctionnelle qui prend vie au-dessus de 50 km/h, dont un aileron arrière qui fait office d’aérofrein. En bonne supercar moderne, elle est équipée d’un système de levage sur le train avant pour se jouer des dos d’âne et des rampes de parkings, même s’il faudra faire attention aux magnifiques jantes de 20 pouces à l’avant et 21 pouces à l’arrière lors des manoeuvres.
Côté esthétique, la première Callum C-X75 s’était contentée de panneaux réajustés par-ci, par-là. La carrosserie de celle-ci a nécessité plus de 1000 heures de travail à elle seule. Il a bien sûr fallu revoir les ajustements mais aussi peindre tout ça dans un très élégant vert saule, et confectionner un véritable accastillage : encadrements de vitre en aluminium, accents en fibre de carbone, calandre polie.
À bord, le mobilier peu ragoûtant de la voiture de cascades a cédé la place à « un environnement premium » dans des tons verts et crème : des baquets en cuir sur mesure, un superbe volant à méplat, un rétroviseur central numérique, des molettes-écrans sur la console centrale minimaliste façon bronze satiné, un système hi-fi digne de ce nom pour pouvoir envoyer Skyfall d’Adele à pleins tubes dès que le paysage devient un peu grandiose, CarPlay, et même des porte-gobelet.
« Intégrer des fonctionnalités comme la climatisation et un système audio haut de gamme tout en peaufinant les détails d’isolation, de raffinement et d’hygiène tels que les joints de portière, et en s’assurant que la bande-son soit dantesque, a été un défi formidable mais passionnant. Le résultat parle de lui-même », estime Adam Donfrancesco, patron de l’ingénierie chez Callum Automotive.
« La C-X75 a été ‘celle qui s’est échappée’, une voiture au potentiel jamais exprimé. Nous avons combiné les souhaits du client à des solutions soigneusement élaborées pour emmener la C-X75 vers la conclusion profondément satisfaisante qu’elle méritait depuis toujours », se réjouit quant à lui Ian Callum. Une magnifique conclusion s’il en est.