Premier rallye de l’ère hybride, première course d’anthologie cette saison. Le Monte-Carlo 2022 restera comme un très grand cru, avec deux légendes de la discipline se rendant coup pour coup.
Le nonuple champion du monde Sébastien Loeb, qui faisait ses débuts ce week-end chez Ford pour une pige au volant de la nouvelle Puma, a démontré à 47 ans qu’il n’avait rien perdu de son fabuleux coup de volant pour remporter le 80e rallye WRC de sa carrière (record) face à l’octuple champion du monde Sébastien Ogier sur sa Toyota Yaris. Il est ainsi devenu le plus vieux vainqueur d’un rallye, vingt ans après son premier succès en WRC (autre record). Les deux hommes ont maintenant remporté huit fois CHACUN le Monte-Carlo (record, au cas où).
Ogier avait pris la tête dans le Turini jeudi soir, mais Loeb est revenu très fort vendredi matin avec quatre temps scratch consécutifs. Samedi en fin de matinée, après plus de 170 km de course à l’issue de l’ES10, l’écart entre les deux hommes au classement général est très exactement de… 0,0 s. Un duel de géants, on vous a dit. Elfyn Evans (Toyota) parvient encore à suivre à 9,3 s, Craig Breen (Ford), quatrième au général, est déjà relégué à plus d’une minute.
Époustouflant dans l’ES13, Ogier parvient à creuser un écart de plus de 20 s pour aborder le dimanche en favori. Hélas pour le plus jeune des deux Seb, il est victime d’une crevaison dans l’avant-dernière spéciale et se retrouve 9,5 s derrière Loeb. Une pénalité de 10 s pour faux départ dans la 17e et dernière spéciale met définitivement fin à ses espoirs, mais ça s’est joué à rien puisque l’écart final entre les deux hommes est de 10,5 s… soit une demi-seconde hors pénalité. Après 300 km de course. Pfiou.
Breen termine troisième à 1 min 40, Rovanperä (Toyota) quatrième à 2 min 16. La première Hyundai, celle de Thierry Neuville, n’est que septième, à plus de sept minutes après de nombreux problèmes de fiabilité.
La victoire de Loeb est d’autant plus mémorable qu’on parle d’un pilote qui fêtera son 48e anniversaire dans quelques semaines et qui, il y a dix jours, était encore à sillonner le désert saoudien au volant de son BRX Hunter pour terminer deuxième du Dakar. Et qui n’avait encore jamais conduit la Ford Puma à ce moment-là.
Comme la Yaris et l’i20N, cette voiture est conçue autour d’une toute nouvelle réglementation, dont tout le monde annonçait qu’il allait falloir des mois pour en tirer le meilleur. Sauf quand on s’appelle Sébastien, apparemment.
Cette belle histoire est aussi celle de la copilote de Sébastien Loeb, Isabelle Galmiche, qui avait déjà roulé avec lui mais encore jamais sous le feu des projecteurs comme lors de ce Monte-Carlo. Grâce à cette victoire, elle devient la première femme à gagner en WRC depuis Fabrizia Pons en 1997 (qui copilotait Piero Liatti sur une Subaru Impreza, également au Monte-Carlo). Et elle aura des choses à raconter cette semaine à ses élèves, puisqu’elle est professeur de maths dans le civil.
Ce week-end a aussi notamment été marqué par l’accident effroyable d’Adrien Fourmaux (dont lui et son copilote sont heureusement sortis indemnes) et le premier temps scratch en carrière de Gus Greensmith (Ford).
Le règlement du WRC a beau avoir été complètement chamboulé cette année, le spectacle et le suspense sont bien là. Rendez-vous le mois prochain pour un rallye de Suède qu’on peut espérer tout aussi palpitant.