On a failli attendre. Cinq ans après la présentation d’un concept au salon de Francfort 2017, Mercedes a fini par lever le voile ce mercredi sur la version de production de son hypercar, l’AMG One. Le temps pour les ingénieurs de s’arracher les cheveux à intégrer un moteur de Formule 1 dans une voiture homologuée pour la route.
Car pour une fois, ce n’est pas une figure de style : l’AMG One reprend le V6 1.6 turbo hybride de la monoplace de Lewis Hamilton. Enfin, celui de l’époque où la monoplace de Lewis Hamilton était l’épouvantail du paddock…
AMG a travaillé en étroite coopération avec l’écurie de F1 pour développer cet attelage d’un moteur thermique turbocompressé et de quatre moteurs électriques : un pour alimenter le turbo, un à même le vilebrequin et un pour animer chaque roue avant. Evidemment en position centrale arrière, le V6 1.6 turbo tourne plus vite qu’un V8 atmo grâce à ses gènes de F1 (turbo électrifié, ressorts de soupape pneumatiques…), soit 11 000 tr/min. Pas tout à fait aussi haut que les V12 atmo d’une GMA T.50 ou d’une Aston Martin Valkyrie, mais on ne va pas faire la fine bouche… Mercedes a bridé son V6 a ce régime pour préserver sa fiabilité en usage routier : pas question d’aller chercher les 15 000 tr/min d’une F1. C’est une boîte robotisée inédite à embrayage quadridisque en carbone qui se charge de transmettre le couple aux roues arrière.
Quant tous les moteurs s’y mettent, la Mercedes-AMG One développe pas moins de 1 063 ch. Le couple ? Impossible à quantifier « en raison de la complexité du groupe motopropulseur », indique Mercedes dans la fiche technique. Désolés, la One est trop complexe pour votre pauvre esprit mortel.
En revanche, elle est assez véloce pour vous liquéfier le cerveau. Mercedes annonce un 0 à 100 km/h en 2,9 s, un 0 à 200 km/h en 7 s, un 0 à 300 km/h en 15,6 s et une vitesse de pointe de 352 km/h. Une modeste Ferrari SF90 fait mieux sur le 0 à 100 et le 0 à 200 au quart du prix ? Peut-être mais malgré son nom (celui de la monoplace Ferrari de 2019), elle n’a pas un cœur de F1, elle. Il faut dire que la Mercedes, malgré sa monocoque carbone et minuscule cylindrée thermique, pèse tout de même 1 695 kg.
À l’avant comme à l’arrière, le châssis en aluminium fait appel à des suspensions cinq bras et poussoirs réglables montés transversalement pour favoriser « des changements directionnels très rapides. » L’amortissement est bien sûr adaptatif via des modes Comfort (si, si), Sport et Sport+, ce dernier n’étant d’accessible que dans le cadre de modes de conduite Race Plus et Strat 2.
Ces modes agissent aussi sur la hauteur de caisse, l’aérodynamique active, la vectorisation de couple grâce aux moteurs électriques sur les roues avant, l’ABS et l’ESP à trois niveaux. Il vaudra sans doute mieux attendre un peu de s’être accoutumé aux 1 063 ch avant de commencer à enlever les garde-fous.
Avant même de mettre le contact, vous pourrez vous attarder sur l’allure bestiale de la One, même si vous commencez à en avoir fait le tour depuis cinq ans. « Musculeuse », selon AMG, et on ne peut qu’approuver. 4,76 m de long, 2,01 m de long pour seulement 1,26 m de haut, avec une taille de guêpe pour optimiser une efficience aérodynamique. L’ensemble générerait apparemment de l’appui dès 50 km/h… Parfait pour aller chercher le pain. Plissez un peu les yeux et vous y verrez aussi la réincarnation de la CLK GTR Strassenversion des années 90.
À bord, c’est… épuré. Deux baquets fixes (on ajuste le pédalier et le volant), un volant type F1, un écran 10 pouces pour l’instrumentation et un autre au milieu pour l’infodivertissement. Le rétroviseur central est lui aussi un écran relié à une caméra, et il y a du carbone brut un peu partout pour l’ambiance « box box ».
« Les immenses défis techniques à surmonter pour adapter un moteur de F1 moderne à un usage routier nous ont indéniablement poussés à nos limites », explique le patron d’AMG Philipp Schiemer, qui a repris le projet porté initialement par l’ancien PDG d’AMG Tobias Moers. « Durant la période de développement, beaucoup ont sans doute pensé que le projet serait impossible à mener à bien. Cependant, les équipes d’Affalterbach et du Royaume-Uni n’ont jamais renoncé et ont cru en elles-mêmes. Mettre une telle hypercar sur la route est assurément unique. »
La F1 pour la route d’AMG est donc enfin là, ses 275 exemplaires ayant tous trouvé preneur il y a déjà bien longtemps. On n’attend plus que l’Aston Martin Valkyrie pour le match de la décennie…
Pour le tour du propriétaire en compagnie de Jack Rix, c’est juste en dessous.
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