Une Mercedes légendaire et rarissime aux enchères : c’est moins une information que l’occasion de s’esbaudir devant une incroyable machine, en l’occurrence cette CLK GTR Strassenversion.
Née en 1997, la CLK GTR a été conçue en moins de six mois par Mercedes et AMG – deux entités déjà proches mais encore distinctes à l’époque — pour aller affronter les McLaren F1 GTR (l’une d’entre elles ayant servi de base de travail à Mercedes) et les Porsche 911 GT1. Mission un peu trop accomplie : les CLK GTR remportent six des 11 épreuves de la saison 1997, puis évoluent en CLK LM (avec notamment un V8 5.0 à la place du V12 6.0) pour s’imposer lors de… toutes les courses en 1998, au point de tuer la catégorie GT1 faute de participants l’année suivante. C’est ballot. La LM ne connaîtra hélas pas le même succès au Mans en 1998, où les deux voitures se qualifieront en première et troisième position avant d’abandonner sur casse mécanique dans les premières heures de course. L’année suivante, sa descendante la CLR fera davantage parler d’elle dans la Sarthe, mais pas pour les raisons que Mercedes aurait espérées…
Cette Strassenversion est la version d’homologation de la CLK GTR, la règlementation GT1 imposant alors la production d’au moins 25 exemplaires routiers de la voiture de course. Il s’agit du neuvième châssis sur les 25 construits par Mercedes, dont 20 coupés et cinq roadsters. Derrière les sièges, un V12 6.9 atmosphérique développe 612 ch et 775 Nm pour un 0 à 100 km/h en 3,8 s. Certaines compactes sportives font aussi bien en 2021, mais ce n’en était pas moins monstrueux pour l’époque. Vitesse de pointe : 344 km/h. Avec la bande-son du colossal V12 dans le dos, est-ce que ça ne ferait pas la voiture de track-day idéale, franchement ?
L’habitacle respire les années 1990 jusqu’à la caricature. Le volant et les compteurs semblent ainsi tout droit sortis d’un taxi Classe E Diesel de l’époque, sous un copieux nappage de fibre de carbone et d’Alcantara pour le cachet course.
Selon Gooding & Co qui le mettra aux enchères à Pebble Beach lors de la vente des 14 et 15 août, cet exemplaire a été vendu neuf en 1997 à un homme d’affaires allemand, avant de partir pour une collection privée à Hong Kong en 2005, puis à Seattle en 2017, et d’arriver dans les mains de son propriétaire actuel en 2018. 24 ans après sa production, cette CLK GTR sort à peine de rodage avec 1 439 km au compteur. Une existence extrêmement paisible donc, mais il ne tient qu’à vous que ça change.
Il vous suffira pour cela de sortir entre 8 et 10 millions de dollars d’un de vos comptes en Suisse, d’après l’estimation de Gooding. Soit à peine le prix de quatre AMG One (si elle arrive un jour). Avouez, si vous pouviez, vous le feriez, non ?
Photos: Gooding & Company/Josh Hway