Un Paris-Normandie en voiture électrique vous effraie ? Chris et Julie Ramsey, eux, viennent de traverser la planète en Nissan Ariya e-4ORCE (à l’essai ici). Du pôle Nord au pôle Sud, littéralement.
Pas en une seule charge, évidemment. Pensez, il a fallu dix mois à ce couple d’aventuriers écossais pour parcourir ces quelque 30 000 km à travers 14 pays (sans compter les traversées intercontinentales en bateau, y compris entre le Panama et la Colombie pour contourner la jungle infranchissable du bouchon du Darien). Les Ramsey ne sont pas des débutants : en 2017, ils avaient déjà roulé de Londres jusqu’en Sibérie avec une Leaf première génération. Comme quoi, avec une bonne playlist et un Scrabble dans la boîte à gants, tout est possible.
L’Ariya en question n’a même pas eu à subir beaucoup de modifications pour survivre à cette odyssée. Les moteurs et la batterie sont apparemment d’origine (soit 282 ch et 87 kWh). Seuls les pneus ont été remplacés par d’énormes boudins tout-terrain BF Goodrich de 39 pouces, et la carrosserie et les trains roulants adaptés en conséquence par les spécialistes de chez Arctic Trucks. Ah, et vous aurez noté que l’Ariya des Ramsey (baptisé Sonrisa, « sourire » en espagnol, c’est meugnon) n’est pas seulement la première voiture électrique à relier un pôle à l’autre : c’est la première voiture tout court.
La recharge ? Un détail : on aura bien compris que voyager en électrique est désormais simple comme bonjour, même en Atacama ou en Antarctique. Bon, même s’ils sont malencontreusement hors champ sur la photo finish, l’Ariya était tout de même accompagné en Antarctique de deux pick-ups bien thermiques (des Toyota Hi-Lux, évidemment) transportant… un groupe électrogène, le carburant de ce dernier et leur propre carburant. Mais c’était vraiment juste pour compléter les panneaux solaires (et une éolienne à laquelle les aventuriers ont renoncé après une utilisation peu concluante lors des premières étapes en Arctique) là où le terrain devenait trop hostile pour espérer trouver une borne ou une prise. On n’est jamais trop prudent par – 50° C.
Partis en mars (2023, rassurez-vous) du pôle Nord magnétique (selon les coordonnées de 1823, pour faciliter la logistique), les Ramsey ont rallié leur destination le 15 décembre, apprès des milliers de kilomètres emmitouflés dans leur parkas et leur moufles, à gratter les vitres faute de chauffage pour maximiser l’autonomie de la batterie. « Je n’arrive pas à croire que nous sommes au pôle Sud, a déclaré Chris. Après tant d’années de préparation, ça semble irréel. J’ai toujours eu toute confiance dans les capacités incroyables des voitures électriques, et je savais que notre Nissan Ariya se jouerait de toutes les embûches. Mais cela a été bien plus dur que prévu. »