L’avis de Paul Horrell sur… les bienfaits du vieillissement
Paul trouve que les voitures, c’est... un peu comme les gens : on se réconcilie avec elles quand elles vieillissent.
Si vous restez un peu trop longtemps sous le feu des projecteurs, les gens finissent par se lasser de vous. Mais persévérez dans votre coin et, à un moment ou à un autre, ils vous trouveront de nouveau des qualités. Regardez Paul McCartney et ses 80 ans au Festival de Glastonbury, ou le revival d’Abba qui n’en finit pas. Ils sont passés par la case ringard, mais la nostalgie du public les a revigorés. Cette courbe de popularité en U, les voitures aussi peuvent la connaître si elles restent assez longtemps en production.
À la fin des années 1970, j’avais 20 ans. La Mini aussi. À cette époque, on se moquait d’elle, pauvre petite vieille complètement ridiculisée par les Renault 5, Ford Fiesta et autres Volkswagen Polo, la première vague des citadines modernes. Face à elles, elle n’avait plus aucune chance dans ce rôle. Mais à la fin de sa vie, elle est devenue un trésor national et un objet de tendresse.
La Lotus Elise nous a quittés l’an passé, pour notre plus grande tristesse, après peu ou prou 25 ans de carrière. Dans sa jeunesse, on adorait sa direction limpide, son châssis alerte et son moteur pétillant. À la fin des années 2000, on la trouvait désuète, mal finie et plus vraiment adaptée à une époque tournée vers la course à la puissance. Puis on a réalisé qu’elle connectait toujours le conducteur à la route comme aucune autre. Elle n’avait pas changé : j’ai conduit la toute dernière version côte à côte avec la première, et la principale différence, c’est que la plus jeune des deux ne craque pas de partout.
Et la Lamborghini Aventador ? Au fil de sa vie, elle s’est bonifiée dans les détails, mais sa personnalité n’a pas varié. Tandis que ses rivales adoptaient des transmissions intelligentes et des motorisations électrifiées, elle commençait à ressembler à un rhinocéros arthritique. Puis elle est devenue une espèce en voie de disparition, une voiture à chérir quand les multicylindres atmosphériques ont commencé à tomber comme des mouches. Maintenant qu’elle est partie, chacun essuie ses larmes.
On peut également citer le Land Rover, qui ne s’appelait pas encore Defender à son lancement au début des années 1980. Il était moderne pour l’époque avec sa transmission intégrale permanente et ses ressorts hélicoïdaux. Mais à la fin des années 1990, pour tracter et transbahuter sérieusement, on ne jurait plus que par les pick-up japonais. Et s’il fallait emmener des passagers, il y avait le Land Cruiser ou le Pajero. Le Defender était charismatique mais inconfortable, cher et peu fiable. Mais une fois que les acheteurs rationnels sont passés à autre chose, il a été adopté par les automobilistes en quête d’un baroudeur irrationnel pour leurs loisirs. Ce qu’on appelait autrefois des défauts s’est miraculeusement transformé en “caractère”.
Ces quatre voitures n’étaient pas vraiment meilleures lors de leur retour en grâce que dans leurs jeunes années. Elles n’ont pas fondamentalement changé. Le monde autour d’elles, si. Leurs qualités sont devenues uniques, et c’est alors qu’elles ont amorcé la deuxième moitié de leur courbe en U.
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