Vous avez probablement déjà aperçu le faciès de cyclope de la Tucker 48. Même si la société n’en a produit que 51 exemplaires avant de faire faillite en 1950 (tous des prototypes), cette étonnante berline à moteur en porte-à-faux arrière s’est fait une place dans la mémoire collective.
Un beau jour, en plein milieu des années 40, Preston Tucker s’est mis en tête d’inventer « la voiture de demain ». La sécurité était au centre de ses préoccupations ; en témoignent entre autres un tableau de bord rembourré, un pare-brise incassable conçu pour s’extraire en cas de collision, de grandes portières autoclaves, un troisième phare central orientable en fonction de l’angle du volant, un frein de parking verrouillable par clef (une petite surprise pour malfrats s’imaginant pouvoir dérober la voiture). Elle était très aérodynamique, et propulsée par un six-cylindres à plat emprunté à un hélicoptère.
Ce projet a suscité un réel engouement et, même si les voitures n’incluaient pas toutes les innovations envisagées initialement par Tucker, la voiture était très bien pensée. Mais les choses se sont gâtées quand la SEC (la commission de régulation de la bourse américaine) a accusé l’entreprise de fraude. Preston Tucker fut blanchi par la suite mais le mal était fait, et son compte en banque à sec. La 48 ou « Torpedo » ne sera jamais produite en série.
Aujourd’hui, ces autos valent des millions. Cet exemplaire (châssis n°1034) est l’un des 12 à avoir été peints dans ce bleu « Waltz » si particulier, et il est estimé entre 1,750,000 et 2,250,000 dollars par Gooding & Co, qui le mettra aux enchères à Scottsdale (Arizona) en janvier. 47 des 51 voitures auraient survécu, dont la majorité sont exposées dans des musées. Celle-ci provient d’une collection privée. Elle n’a jamais été restaurée- elle n’en a jamais eu besoin- et affiche à peine plus de 10 000 km au compteur. Avis aux amateurs.
Images: Mike Maez pour Gooding & Company